Distancé dans les sondages à moins d'un mois de la présidentielle américaine, le camp du républicain John McCain a décidé de jouer son va-tout contre le démocrate Barack Obama en lançant à son encontre une série d'attaques, au risque que cette stratégie se retourne contre les républicains.

La colistière de John McCain, Sarah Palin a ouvert les hostilités en dénonçant le «copinage», selon elle, entre le sénateur de l'Illinois et Bill Ayers, membre d'un groupe d'extrême gauche radical, les Weathermen, dans les années 1960 et 1970.

«Qui est le vrai Obama?», a demandé lundi M. McCain au cours d'un rassemblement électoral à Albuquerque (Nouveau-Mexique). «La susceptibilité de mon adversaire chaque fois qu'il est interrogé sur son bilan devrait nous inquiéter», a dit le sénateur de l'Arizona.

M. McCain a qualifié son adversaire de «politicien de Chicago».

Ces déclarations interviennent après que l'équipe de campagne de John McCain a lancé un nouveau spot télévisé, diffusé au niveau national et intitulé «dangereux», qui accuse M. Obama d'avoir résumé l'action américaine en Afghanistan à «des bombardements aériens sur des villages, tuant des civils».

La citation complète du sénateur de l'Illinois, remontant au mois d'août 2007, était: «nous devons terminer le travail (en Afghanistan) et cela nécessite que nous ayons assez de soldats sur le terrain pour ne pas nous contenter de bombardements aériens sur des villages, tuant des civils, et créant d'énormes problèmes là-bas».

Le camp McCain a choisi de redoubler d'ardeur d'ici au 4 novembre pour attaquer Barack Obama et soulever des doutes concernant sa capacité de jugement, son honnêteté et ses fréquentations personnelles.

«Si nous continuons à parler de la crise économique, nous allons perdre», a confié, sous couvert de l'anonymat, un stratège important de John McCain au Daily News.

«La plupart des gens considèrent la nouvelle stratégie du camp McCain pour ce qu'elle est: un acte de désespoir d'une campagne en déroute qui voit l'élection lui échapper», a dit l'ancien porte-parole de la Maison Blanche, Scott McClellan, interrogé par l'AFP.

«Ce genre de campagne (négative) reflète généralement une certaine forme de désespoir de la part d'un candidat qui ne croit plus avoir un message positif assez puissant» à proposer aux électeurs, a également estimé Michael Traugott, professeur de sciences politiques à l'université du Michigan.

Cela «peut stimuler la base républicaine mais attirera peu d'indépendants ou d'électeurs indécis», selon lui.

En campagne en Caroline du Nord, M. Obama a dénoncé «les manigances et les calomnies» du camp républicain.

Le camp Obama ne se prive pas cependant lui-même de critiquer le camp adverse et a lancé lundi un nouveau site internet (www.keatingeconomics.com) où il rappelle l'implication de John McCain dans un scandale financier remontant à la fin des années 1980.

Il n'est pas certain que la tactique visant à ternir l'image de l'adversaire soit la bonne.

«En temps de crise, les électeurs veulent entendre les candidats parler des sujets qui les préoccupent plutôt que de les voir se lancer dans des attaques personnelles», a affirmé Eric Davis, professeur de sciences politiques au Middlebury College dans le Vermont.

Les deux candidats devaient avoir l'occasion de s'expliquer directement mardi à l'occasion de leur second débat télévisé.

«McCain doit stopper sa chute dans les sondages d'ici la fin de la semaine (...) Si les sondages montrent encore un écart de 8 points après le dernier débat (le 15 octobre) je ne vois pas comment McCain pourrait revenir, que ce soit au niveau national ou dans les Etats clefs», a estimé M. Davis.