Le gouvernement de Benjamin Netanyahu se préparait dimanche à libérer 26 détenus palestiniens, et devait annoncer parallèlement des projets de construction dans les colonies, avant une nouvelle difficile mission de paix du secrétaire d'État américain John Kerry dans la région.

Les libérations des 26 détenus devraient intervenir lundi soir, «après le délai de 48 heures accordé pour les appels des familles de victimes auprès de la Cour suprême», a précisé un haut responsable israélien sous le couvert de l'anonymat.

Jusqu'à présent, la Cour suprême a systématiquement rejeté les appels contre la libération de prisonniers palestiniens.

Le gouvernement israélien a donné samedi soir le feu vert à ces libérations, conformément aux engagements pris auprès des États-Unis et des Palestiniens lors de la reprise du dialogue direct israélo-palestinien fin juillet.

M. Netanyahu avait accepté à l'époque la libération, en quatre étapes, de 104 prisonniers palestiniens en fonction des progrès des négociations. Deux premiers groupes de détenus ont été libérés, le 13 août puis le 30 octobre.

«Tous les prisonniers libérés ont perpétré leurs actes avant les accords d'Oslo (en 1993) et ont purgé entre 19 et 28 ans en prison», a précisé le gouvernement dans un communiqué.

«Tous ceux qui reprendraient des activités hostiles» seront arrêtés et devront purger la totalité des peines auxquelles ils ont été condamnés, avertit le communiqué.

«Nous sommes fous de joie, nous ne croyons pas jusqu'à la dernière minute que mon oncle va figurer parmi ce groupe de libérables, comme Israël a toujours mis un veto à sa libération», a déclaré à l'AFP Samia Tamimi, dont l'oncle Saïd Tamimi va être libéré après avoir passé 21 ans en prison.

Côté israélien, en revanche, des familles de victimes d'attentats palestiniens ne cachaient pas leur amertume, sinon leur colère.

«J'ai le sentiment que mon oncle est tué une seconde fois et cette fois par mon gouvernement», s'indigne Ortal Tamam, une jeune femme de 25 ans dont le parent a été kidnappé et assassiné par des Palestiniens en 1984.

Projet d'annexion de la vallée du Jourdain

La libération du nouveau contingent de détenus doit intervenir avant l'arrivée jeudi au Proche-Orient de John Kerry, qui tente de faire avancer les négociations de paix.

Il s'agira du 10e voyage en Israël et en Cisjordanie de M. Kerry depuis mars 2013. Ses dernières tournées dans la région remontent au début du mois de décembre.

M. Kerry fait de la pression pour tenter de concilier les positions israéliennes et palestiniennes, encore très éloignées, afin de parvenir à un «accord-cadre» qui tracerait les grandes lignes d'un règlement final entre les deux parties, si possible avant la fin de la période de neuf mois fixée lors du lancement des pourparlers.

L'ambassadeur des États-Unis en Israël Dan Shapiro a confirmé à la radio militaire israélienne que «l'objectif est de parvenir à un (accord) cadre pour les négociations dans les prochains mois en vue d'un accord permanent qui mette fin au conflit israélo-palestinien».

Parallèlement à la libération des prisonniers, le gouvernement israélien devrait annoncer des programmes de construction dans des colonies de Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée, selon un haut responsable gouvernemental israélien.

D'après la presse, cette annonce portera sur 1.400 nouveaux logements.

Toutefois, les États-Unis et l'Union européenne (UE) auraient expressément demandé à Israël de s'abstenir de lancer des appels d'offres pour les implantations juives en même temps que le processus de libération de détenus, ont précisé les médias.

Mais M. Netanyahu avait prévenu la semaine dernière qu'il comptait ignorer ces appels: «Nous ne cesserons pas un instant de bâtir notre pays, de nous renforcer, de développer (...) les implantations», avait-il assuré.

Dimanche, un comité ministériel israélien a jeté de l'huile sur le feu en approuvant un projet de loi, parrainé par une députée d'extrême droite, qui prévoit l'annexion de la vallée du Jourdain même en cas d'accord de paix final avec les Palestiniens, s'attirant la vive condamnation du chef négociateur palestinien Saëb Erakat.

«Le gouvernement Netanyahu --un gouvernement de colons-- continue à détruire les efforts de paix internationaux en transformant son occupation en annexion», a déploré M. Erakat, en exhortant la communauté internationale à faire pression sur Israël.

«La Palestine examine actuellement ses prochaines démarches, y compris le recours à des institutions légales et diplomatiques comme la Cour pénale internationale et d'autres forums internationaux», a averti M. Erakat.

La ministre centriste de la Justice Tzipi Livni, chargée du dossier des négociations avec les Palestiniens, s'est engagée à faire appel de ce vote «irresponsable».

Les Palestiniens sont opposés à toute présence israélienne dans la vallée du Jourdain, aux frontières entre la Cisjordanie et la Jordanie, après la création de leur État.