Le public n'aura eu qu'un aperçu, bref mais éloquent, du fossé qui sépare les leaders israélien et palestinien au début de leurs premiers pourparlers directs depuis 20 mois.

«Reconnaissez Israël comme l'État-nation du peuple juif», a dit le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, au président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, en précisant qu'un accord de paix nécessiterait «des concessions douloureuses des deux côtés».

«Cessez complètement la colonisation et l'embargo à Gaza», lui a répliqué son interlocuteur, une demande qu'il répète en vain depuis des mois.

Le dialogue, qui a eu lieu jeudi matin en présence de la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, et des médias, a duré 80 minutes et s'est terminé par des poignées de mains et des sourires. Les deux hommes ont poursuivi leurs échanges à huis clos lors d'un tête-à-tête de 90 minutes, suivi de 20 nouvelles minutes de négociations à trois.

En début d'après-midi, ces pourparlers ont accouché d'un succès modeste mais porteur d'un certain espoir: les dirigeants palestinien et israélien se sont engagés à se rencontrer toutes les deux semaines au cours de la prochaine année afin de parvenir à un accord de paix prévoyant la création d'un État palestinien.

La prochaine rencontre aura donc lieu les 14 et 15 septembre à la station balnéaire de Charm el-Cheikh, en Égypte. Hillary Clinton et son émissaire pour le Proche-Orient, George Mitchell, y seront.

«La prochaine étape logique serait de commencer à travailler à un accord-cadre en vue d'un statut permanent», a déclaré l'émissaire américain aux journalistes. Cet accord-cadre aurait pour objectif de définir «les compromis nécessaires» à l'aboutissement «d'un traité global qui mettra fin au conflit et établira une paix durable pour Israël et les Palestiniens».

«Notre but est de résoudre tous les sujets principaux de désaccord d'ici un an», a ajouté celui qui a déjà joué les intermédiaires entre catholiques et protestants en Irlande du Nord.

Scepticisme

À l'ouverture de la réunion, Hillary Clinton a également fait état de cet ambitieux objectif. «Si vous avancez de bonne foi, nous pouvons résoudre tous les sujets essentiels dans le délai d'un an», a-t-elle déclaré aux dirigeants israélien et palestinien.

Mais les sceptiques et les pessimistes n'étaient pas rares parmi les observateurs, surtout chez les sympathisants de la cause palestinienne.

«Nous n'avons rien vu ou entendu de nouveau», a déploré Yousef Munayyer, directeur du Palestine Center, un programme éducatif de Washington.

«Compte tenu des réalités politiques et des réalités sur le terrain, il est très difficile de voir comment les parties parviendront à faire progresser ce processus sans une médiation sérieuse des Américains, médiation qui ne s'est malheureusement pas matérialisée dans le passé.»

Le Hamas persiste et signe

Le Hamas fait partie de ces réalités qui risquent de faire dérailler les négociations de paix entamées à Washington. Deux jours après avoir revendiqué l'attentat qui a tué quatre colons juifs en Cisjordanie, le mouvement islamiste a promis de poursuivre ses opérations anti-israéliennes, et ce, malgré la vague d'arrestations de ses sympathisants dans ce territoire occupé.

«Le véritable représentant du peuple palestinien, ce sont les forces de la résistance», a déclaré à Gaza Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas.