Pour la deuxième journée consécutive, l'armée israélienne a poursuivi dimanche son offensive aérienne sans précédent contre le Hamas dans la Bande de Gaza. Plus de 280 personnes, dont au moins 183 membres des forces de sécurité du Hamas, ont été tuées en deux jours, et au moins 644 ont été blessées, selon des sources palestiniennes.

Le gouvernement israélien a par ailleurs approuvé le rappel d'au moins 6.500 réservistes, ce qui pourrait annoncer une prochaine intervention terrestre.Parallèlement, des activistes du Hamas ont continué de tirer des dizaines de roquettes et d'obus de mortier sur le sud de l'Etat hébreu, apparemment sans faire de victimes.

Des avions de chasse israéliens ont bombardé les tunnels servant à la contrebande entre la Bande de Gaza et l'Egypte, faisant deux morts, selon une source médicale palestinienne. Plusieurs centaines de Palestiniens en ont profité pour passer en Egypte par des brèches ouvertes dans les 14km de frontière, ce qui a provoqué des affrontements avec des Egyptiens tentant de les empêcher d'entrer sur leur territoire.

Un garde-frontière égyptien a été tué, a affirmé un responsable de la sécurité égyptienne. Cinq autres gardes-frontières ont été blessés, ainsi qu'un enfant égyptien de huit ans.

Selon des sources médicales palestiniennes, un Palestinien a été tué par la sécurité égyptienne et quatre autres blessés.

Au moins 300 gardes-frontières se sont rendus sur place et quatre heures plus tard, la plupart des brèches étaient à nouveau sous contrôle égyptien, a annoncé au Caire un responsable de la sécurité. Il a ajouté que la plupart de ceux qui avaient pénétré en Egypte étaient repartis à Gaza et que des policiers ratissaient la région pour retrouver les autres.

Dimanche soir, l'aviation israélienne a lancé une attaque contre un immeuble dans le camp de réfugiés de Jebaliya, près de Gaza, tuant un bébé de 14 mois, selon un responsable du ministère de la Santé à Gaza, le Dr Moaiya Hassanain.

Tôt lundi matin, l'aviation israélienne a bombardé l'Université islamique et un bâtiment du gouvernement à Gaza, des centres du pouvoir du Hamas. Des témoins ont vu de la fumée s'élever au-dessus de l'université, et ont dit avoir dénombré six frappes aériennes peu après minuit.

La société du Croissant-Rouge iranien a envoyé en Egypte des avions-cargos remplis de 50 tonnes de nourriture et d'autres produits pour que cette aide soit acheminée à Gaza, selon la télévision publique iranienne.

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a appelé le Hamas, qui a proclamé le 19 décembre la fin de six mois de trêve avec Israël, à conclure un nouveau cessez-le-feu pour arrêter le bain de sang».

Des manifestations se déroulées dans toute la région, du Liban à l'Iran, ainsi qu'en Cisjordanie, où deux Palestiniens ont été tués par l'armée israélienne.

A Londres, quelque 700 personnes ont manifesté devant l'ambassade d'Israël. Trois personnes ont été arrêtées, selon la police londonienne. Des manifestations ont également été organisées dans d'autres pays, notamment à Paris, où 1.300 personnes ont défilé dans le quartier de Barbès-Rochechouart, à Madrid et à Ankara.

A Jérusalem, lors du conseil des ministres hebdomadaire, le Premier ministre Ehoud Olmert a prédit que les combats à Gaza seraient longs, douloureux et difficiles», expliquant que l'offensive était susceptible de durer plus longtemps que ce que nous entrevoyons à l'heure actuelle». Il a averti ses ministres que l'Etat hébreu devrait résister à des pressions internationales.

La ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni a déclaré sur NBC que l'Etat hébreu avait lancé cette offensive parce que le Hamas faisait de la contrebande d'armes et formait une petite armée». Notre but n'est pas de réoccuper la Bande de Gaza», a-t-elle toutefois ajouté.

La Syrie a pour sa part décidé de suspendre ses pourparlers de paix indirects avec Israël, tandis que le haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme (HCR) Navi Pillay a jugé cette offensive disproportionnée».

A Beyrouth, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a assuré que son mouvement n'abandonnerait pas Gaza, et il a demandé à ses hommes de se tenir en alerte dans le sud du Liban en cas d'attaques israéliennes. Il n'a pas menacé de lancer des attaques contre Israël, mais il a attaqué verbalement le gouvernement égyptien, affirmant que s'il n'ouvrait pas le point de passage de Rafah, il participerait au crime» contre les Palestiniens.

Par ailleurs, le cheikh Awadh al-Garni, un religieux chiite saoudien radical, a appelé les musulmans à frapper les intérêts israéliens partout» pour venger les attaques contre la Bande de Gaza, selon Rasid, un site Internet saoudien.

Dimanche, les bombes et missiles israéliens ont atteint l'un des principaux bâtiments de la sécurité du Hamas, un symbole majeur dans la ville de Gaza. Auparavant, l'aviation a bombardé une mosquée, située près du principal hôpital de Gaza, et désignée par l'armée israélienne comme une base d'activités terroristes». Une autre cible était la chaîne de télévision d'Al-Aqsa TV, utilisée par le Hamas.

Dans le même temps, les activistes du Hamas ont maintenu la pression sur Israël, tirant des dizaines de roquettes et d'obus de mortier tôt dimanche matin. Deux roquettes sont notamment tombées près de la ville israélienne d'Ashdod, à une quarantaine de kilomètres de Gaza, soit la plus longue portée jamais observée. Aucune victime n'a été recensée.

Le porte-parole de l'armée israélienne Avi Benayahou a expliqué que l'objectif d'Israël n'était pas de faire cesser toutes les attaques de roquettes, mais d'affaiblir les activistes. Selon lui, plus de 250 frappes aériennes ont été menées depuis le début de l'offensive samedi.

A New York, le conseil de sécurité de l'ONU, réuni en urgence, a appelé Israéliens et Palestiniens à cesser immédiatement toutes les violences» et les activités militaires» dans la Bande de Gaza. Le communiqué souligne la nécessité de rétablir une trêve entre l'Etat hébreu et le Hamas. Il demande aussi l'ouverture des points de passage pour répondre aux besoins économiques et humanitaires graves dans la Bande de Gaza», et assurer un acheminement continu de nourriture, de carburant et de médicaments.

L'offensive israélienne a débuté une semaine après l'annonce par le Hamas de la fin de la trêve de six mois avec Israël. Selon l'armée israélienne, les activistes palestiniens ont tiré plus de 300 roquettes et obus de mortiers sur le territoire israélien la semaine dernière, et dix fois plus durant l'année 2008.