Israël refusera un cessez-le-feu avec le Hamas sans la garantie d'observateurs internationaux, selon des responsables du gouvernement israélien, pressé par la communauté internationale d'accepter une trêve. En attendant, l'aviation israélienne a bombardé jeudi le siège du Parlement palestinien à Gaza tandis que des navires de guerre frappaient le long de la côte.

La campagne de frappes israéliennes sur la Bande de Gaza est entrée jeudi dans son sixième jour. Pour l'heure, l'opération, destinée à faire cesser les tirs de roquettes palestiniens sur le sud d'Israël, est restée essentiellement aérienne, mais plusieurs milliers de soldats sont massés à la frontière, prêts à mener une éventuelle offensive terrestre dans le petit territoire palestinien.L'infanterie, l'artillerie et les autres forces sont prêtes» et n'attendent plus qu'un ordre du gouvernement, a prévenu le commandant Avital Leibovich, porte-parole de Tsahal.

Mais la majorité des Israéliens ne semble pas pressée de voir Tsahal conduire une telle offensive. Selon un sondage Dialog mené auprès de 472 personnes et publié jeudi par le quotidien Haaretz», seuls 19% des sondés veulent une offensive terrestre. D'après ce sondage, si les élections anticipées prévues en février prochain avaient lieu aujourd'hui, les partis centristes et favorables à la paix avec les Palestiniens remporteraient 60 des 120 sièges de la Knesset, contre 53 avant l'opération. Le grand vainqueur était le Parti travailliste du ministre de la Défense Ehoud Barak, qui dirige l'offensive.

Plus de 400 habitants de la Bande de Gaza ont été tués et plus 1.600 blessés depuis le début de la campagne de raids aériens israéliens samedi dernier, selon les autorités sanitaires palestiniennes. D'après l'ONU, plus de 60 civils, dont 34 enfants, figurent parmi les tués.

Trois civils israéliens et un soldat ont par ailleurs péri dans les attaques de roquettes palestiniennes, qui n'avaient jamais atteint des cibles aussi éloignées en territoire israélien, mettant un huitième de la population israélienne à la portée des tirs palestiniens.

Nous n'avons pas d'intérêt à une guerre longue. Nous ne voulons pas une vaste campagne. Nous voulons le calme», a déclaré jeudi le Premier ministre Ehoud Olmert lors d'une réunion avec des maires de villes du sud d'Israël. Nous voulons pas faire une démonstration de notre puissance, mais nous l'emploierons si nécessaire».

Selon des responsables israéliens, le Premier ministre israélien Ehoud Olmert a rejeté une proposition française d'une trêve de 48 heures pour permettre une intervention humanitaire. Le président français Nicolas Sarkozy doit se rendre lundi et mardi dans la région pour tenter de trouver une issue à la crise.

D'après des sources gouvernementales, Israël n'acceptera pas de trêve à moins que des observateurs internationaux ne veillent à la faire respecter. Toujours selon ces responsables, Ehoud Olmert l'a clairement dit lors de ses entretiens avec les dirigeants de la communauté internationale.

A l'été 2006, l'envoi d'une Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) renforcée avait permis à Israël d'accepter un accord de cessez-le-feu après plus d'un mois de conflit avec les militants du Hezbollah libanais pro-syrien. Cette fois, l'Etat hébreu ne réclame pas une force de maintien de la paix mais une instance de surveillance qui pourrait évaluer le respect de l'accord par chaque partie.

D'après l'un de ses conseillers, le président modéré de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui ne contrôle plus que la Cisjordanie depuis le coup de force du Hamas dans la Bande de Gaza en juin 2007, soutient l'idée d'une implication internationale. ôôNous demandons un cessez-le-feu et une présence internationale pour surveiller l'engagement d'Israël», a expliqué Nabil Abou Rdeneh.

De fortes explosions ont encore secoué Gaza jeudi, où au moins trois édifices gouvernementaux, dont le Parlement, ont été pris pour cible, les responsables hospitaliers faisant état de 25 blessés évacués des immeubles avoisinants. Tsahal a annoncé également que l'aviation avait frappé des tunnels de contrebande entre la Bande de Gaza et l'Egypte.

L'aviation a également visé la police du Hamas et leurs véhicules et une frappe a fait sauter une voiture tuant deux personnes. Avant l'aube, une autre frappe visant le domicile d'un responsable militaire du Hamas dans le nord du territoire a tué une femme de 35 ans et blessé huit autres personnes, selon un responsable du ministère gazaoui de la Santé.

En cinq jours de raids, les avions de combat israélien ont effectué quelque 500 sorties contre des cibles du Hamas et les hélicoptères ont mené plusieurs centaines d'autres missions de combat, selon un responsable militaire israélien qui a requis l'anonymat.

Les tirs palestiniens n'ont pas cessé, avec plus d'une vingtaine de roquettes tirées jeudi en fin de matinée, selon la police israélienne.