Alors que le bilan s'alourdit au troisième jour des bombardements contre la bande de Gaza, la Maison-blanche a donné son appui à Israël. Le conflit ne laisse pas la communauté internationale indifférente: les manifestations se sont multipliées sur la planète.

Les États-Unis ont donné hier leur appui sans réserve à la guerre déclenchée par Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza. Pour le troisième jour consécutif, malgré le tollé qui s'élève dans le monde et en Israël même, l'armée a poursuivi ses bombardements aériens «pour en finir avec le Hamas».

 

«Les États-Unis comprennent qu'Israël doit agir pour se défendre», a dit Gordon Johndroe, un porte-parole de la Maison-Blanche, à Crawford, au Texas, où le président George W. Bush est en vacances.

Mais la Maison-Blanche s'est dite inquiète devant la situation de la population palestinienne et a appelé Israël à éviter les victimes civiles.

Israël est engagé dans une «guerre sans merci» contre le Hamas, a affirmé à la Knesset le ministre de la Défense, Ehoud Barak.

Le vice-premier ministre Haim Ramon a assuré que «le but de l'opération est de faire tomber le régime du Hamas».

Le chef d'état-major adjoint israélien, le général Dan Harel, a déclaré: «Après l'opération, il ne restera plus aucun bâtiment du Hamas debout à Gaza.»

Vers l'offensive terrestre?

Israël massait troupes et blindés hier soir pour une offensive terrestre du territoire de 360 km2 où s'entassent 1,5 million d'habitants. Les raids aériens ont fait en trois jours au moins 355 morts, dont 62 femmes et enfants, et 1550 blessés.

Parmi les bâtiments détruits figurent le QG de l'ONU et l'Université islamique, au centre de la ville de Gaza.

«C'est le chaos dans les hôpitaux», s'est alarmé le Comité international de la Croix-Rouge. «Les équipes médicales doivent faire face à un afflux constant de blessés depuis le 27 décembre.»

Des blessés ont pu emprunter hier le terminal de Rafah, rouvert par l'Égypte pour permettre aussi le passage de l'aide alimentaire et médicale vers le territoire.

Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE) se réuniront à Paris aujourd'hui pour examiner une sortie de crise. La France, dont la présidence de l'UE achève, a réaffirmé la priorité d'un retour à la trêve entre Israël et le Hamas.

Khaled Mechaal, porte-parole du Hamas, a déclaré que le parti islamiste, élu aux législatives, était prêt à négocier une nouvelle trêve avec Israël si l'État juif accepte un cessez-le-feu et lève le blocus de Gaza, qui dure depuis 18 mois.

Sinon, ce sera la troisième Intifada (soulèvement palestinien contre l'occupation), a-t-il dit, les attentats suicide reprendront en Israël.

Les roquettes continuent

Des roquettes continuent de s'abattre sur le sud d'Israël. Plus de 200 ont été tirées depuis samedi. Deux Israéliens ont été tués hier, ce qui porte à quatre le nombre de victimes israéliennes depuis le début des raids.

Des heurts ont eu lieu en Cisjordanie lors de manifestations contre les attaques à Gaza, faisant une dizaine de blessés.

Manifestations, marches de protestation et heurts avec les forces de l'ordre font boule de neige dans le monde, dans les pays arabes et ailleurs, y compris en Israël même, où un millier de Juifs et d'Arabes ont manifesté à Tel-Aviv.

Critiques

Le quotidien Haaretz est très critique de l'initiative de la coalition dirigée par le parti Kadima à la veille d'élections anticipées. En éditorial, il s'élève contre la possibilité d'une invasion terrestre. Des chroniqueurs parlent de «sables mouvants» et reprochent aux responsables de «fixer des objectifs irréalistes, comme vouloir en finir avec le Hamas».

Pour Gideon Levy, ferme opposant à l'occupation, «le dur du quartier a encore frappé». L'action d'Israël, écrit-il, «dépasse toute proportion et franchit toutes les lignes rouges d'humanité, de moralité, de sagesse et de droit international».

En France, des manifestants ont défilé à Paris et à Montpellier en scandant: «Israël: assassin! Sarkozy: complice!» À Londres, des gens se sont massés devant l'ambassade d'Israël et ont bousculé la police. À Stockholm, un drapeau d'Israël, où l'étoile de David avait été remplacée par une croix gammée, a été brûlé.

Montréal: marche et appel

Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes américaines. La veille, des Montréalais avaient marché pour Gaza dans la rue Sainte-Catherine, alors que le Canada a blâmé le Hamas.

L'Aide médicale pour la Palestine, de concert avec Médecins pour les droits humains, a demandé aux Québécois de contribuer à sa campagne pour secourir la population de Gaza, plongée dans une crise humaine.

Des pays d'Asie se sont joints au concert de condamnations. Le Pakistan, l'Indonésie et la Malaisie ont réclamé «l'arrêt immédiat» des raids. À Kaboul, le régime Karzaï et les talibans ont également condamné Israël.

La Chine s'est dite «choquée et préoccupée». L'Afrique du Sud a convoqué l'ambassadeur d'Israël pour dénoncer la «brutale agression».

Au Liban, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a donné son appui à une troisième Intifada contre Israël. Il avait appelé dimanche les Égyptiens à envahir les rues pour contraindre le gouvernement à rouvrir la frontière avec la bande de Gaza, ce que Le Caire a fait hier alors que 10 000 Égyptiens manifestaient contre Israël.

En Irak, des manifestations ont eu lieu à Bagdad et à Koufa. Le gouvernement Al-Maliki a lui aussi condamné les attaques israéliennes. À Téhéran, des milliers d'Iraniens ont défilé en criant: «Mort à Israël!» et «Mort à l'Amérique!»