Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a été invité à prononcer un discours au Congrès américain le 11 février, a annoncé mercredi le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, alors que s'ouvre le débat parlementaire américain sur l'Iran.

L'invitation de M. Nétanyahou, un honneur réservé aux proches alliés des États-Unis, s'assimile à un geste de défiance envers le président Barack Obama, qui tente de dissuader le Congrès de s'immiscer dans les négociations internationales sur le nucléaire iranien par l'adoption de sanctions préventives.

Le premier ministre israélien est aussi en pleine campagne électorale pour les élections législatives du 17 mars.

«Le premier ministre Nétanyahou est un grand ami de notre pays, et cette invitation est la marque de notre engagement sans faille en faveur de la sécurité et du bien-être de son peuple», a déclaré John Boehner dans un communiqué.

«Face aux défis actuels, je demande au premier ministre de s'exprimer devant le Congrès sur les graves menaces que l'islam radical et l'Iran représentent pour notre sécurité et notre mode de vie», poursuit le républicain. «Les Américains et les Israéliens ont toujours été solidaires dans des causes et idéaux partagés, et nous devons nous montrer à nouveau à la hauteur.»

Un discours devant les deux chambres du Congrès réunies en session conjointe est un honneur rare, mais le discours serait le troisième de M. Nétanyahou, déjà venu en 1996 et 2011.

De nombreux élus du Congrès poussent actuellement pour l'adoption d'une loi qui imposerait graduellement des sanctions nouvelles contre l'Iran en cas d'échec des négociations internationales actuellement en cours avec les grandes puissances, afin de faire pression sur Téhéran.

Mais le président américain entend garder la main sur les pourparlers sans interférence du Congrès, et a menacé d'opposer son veto à toute législation relative à des sanctions contre l'Iran.

«De nouvelles sanctions, à cet instant, sont inutiles, et au lieu d'améliorer les chances d'un succès des négociations, risquent d'amoindrir les chances d'un accord et de faire s'effondrer le régime de sanctions», a justifié Antony Blinken, numéro deux du département d'État, lors d'une audition au Sénat.

Pire, a ajouté David Cohen, haut responsable du Trésor, «en cas d'échec final des négociations, nos partenaires internationaux pourraient nous accuser, au lieu d'accuser l'Iran, d'être responsables de l'échec».

«Plus j'écoute l'administration, plus j'ai l'impression d'entendre des éléments de langage de Téhéran», a répliqué sèchement le sénateur démocrate Robert Menendez.

Au lieu de la loi de sanctions dite Menendez-Kirk, le président républicain de la commission des Affaires étrangères Bob Corker promeut l'adoption d'une loi qui obligerait Barack Obama à soumettre au Congrès, le jour venu, tout accord entre le groupe 5+1 et Téhéran.

La Maison-Blanche y est également opposée, par peur de fixer un précédent. Mais Bob Corker a souligné qu'aucun des négociateurs français, britanniques ou de l'Union européenne à qui il avait personnellement parlé n'était hostile à une telle approche.