Le président iranien Hassan Rohani s'est envolé lundi pour l'Assemblée générale de l'ONU à New York où il tentera de convaincre des Occidentaux sceptiques de la nature pacifique du programme nucléaire de Téhéran.

La Maison-Blanche n'a pas exclu une rencontre entre le président américain Barack Obama et M. Rohani. Le secrétaire d'État américain John Kerry participera de son côté jeudi à une réunion en présence de son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, première rencontre à ce niveau dans le cadre des négociations sur le nucléaire.

Venu avec une importante délégation qui inclut le député de la minorité juive d'Iran, M. Rohani doit prononcer mardi un discours très attendu devant l'ONU, à l'occasion de sa première grande sortie internationale depuis son élection le 14 juin.

Son déplacement sera l'occasion d'améliorer l'image de l'Iran, ternie par les déclarations-chocs à la tribune de son prédécesseur, Mahmoud Ahmadinejad qui avait notamment nié l'Holocauste et évoqué une conspiration dans les attentats du 11 septembre 2001.

«Ces dernières années, certaines personnes ont malheureusement présenté différemment l'image de l'Iran, son amour pour la culture, sa civilisation pacifique et sa quête de progrès», a déclaré M. Rohani à son départ de Téhéran, selon l'agence Isna.

Il a également dénoncé les sanctions internationales «inacceptables», qui étranglent l'économie iranienne. «Ceux qui ont opté pour ces sanctions ne vont pas réaliser leurs objectifs», a-t-il affirmé.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a voté six résolutions, dont quatre assorties de sanctions, pour contraindre Téhéran à suspendre certaines activités nucléaires, l'Occident soupçonnant que le programme nucléaire civil iranien dissimule une volonté de se doter de l'arme atomique. Elles ont été renforcées par un embargo financier et pétrolier des États-Unis et de l'Union européenne.

«Au lieu de cette voie, ils (les Occidentaux) doivent en choisir une autre qui soit fondée sur l'interaction, la négociation et l'entente», a dit M. Rohani.

Le président iranien avait dirigé les négociations sur le dossier nucléaire au début des années 2000. À l'époque, il avait accepté la suspension de l'enrichissement d'uranium, un programme relancé en 2005 par M. Ahmadinejad.

M. Rohani, qui doit participer à une réunion sur le désarmement et à une rencontre du mouvement des pays non alignés, doit également rencontrer les présidents français François Hollande, turc Abdullah Gül et autrichien Heinz Fischer, le premier ministre espagnol Mariano Rajoy et le chef du gouvernement italien Enrico Letta, selon les médias iraniens.

Nouvelles approches

Alors que le président iranien n'a pas exclu de s'entretenir avec M. Obama, le conseiller adjoint de sécurité nationale américain, Ben Rhodes, a répété que rien n'était prévu en l'état, mais a également affirmé que «ce type de contact» n'était pas exclu. Une rencontre à ce niveau serait une première entre les deux pays ennemis depuis la Révolution islamique de 1979.

M. Rohani sera épaulé par son ministre des Affaires étrangères, qui a rencontré lundi la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, représentante du groupe 5+1 (États-Unis, France, Allemagne, Russie, Chine, Royaume-Uni) dans les négociations sur le nucléaire iranien, interrompues depuis avril.

«Nous nous sommes mis d'accord pour nous rencontrer avec nos équipes à Genève en octobre», a déclaré Mme Ashton.

Elle a ajouté que M. Zarif s'entretiendrait jeudi avec ses homologues du groupe 5+1, une réunion à laquelle participera M. Kerry, selon M. Rhodes.

M. Ashton a fait part de son espoir, tout en soulignant que les discussions seraient longues et difficiles. «J'ai été frappée par l'énergie et la détermination du ministre», a-t-elle dit. Cependant, a-t-elle ajouté, «il y a énormément de travail à faire».

Les négociations, qui n'ont pas fait de progrès ces dernières années, «ne peuvent pas se poursuivre selon le cadre et le contenu actuel», a affirmé à l'agence Irna une source proche des négociateurs iraniens, «il faut créer de nouveaux cadres et de nouvelles approches».

Les Occidentaux attendent sur le dossier nucléaire «des avancées concrètes, vérifiables» par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a déclaré de son côté à l'AFP un diplomate occidental basé à Téhéran.

Dimanche, M. Rohani a réaffirmé que son pays ne cherchait pas à fabriquer la bombe nucléaire, mais  a redit le droit de l'Iran à posséder la technologie nucléaire, notamment l'enrichissement de l'uranium sur son sol, une question au centre des inquiétudes des Occidentaux.

Les États-Unis et leurs alliés ont pris bonne note du souhait iranien de renouer le dialogue, mais restent sceptiques. Washington a jugé la semaine dernière que les déclarations de M. Rohani n'étaient «pas suffisantes» et demandé «des actes».