Ces jours-ci, la reine Élisabeth a un sourire radieux qu'on ne lui connaissait plus. En plus des fiançailles de son petit-fils, elle vient de célébrer le triomphe du film The King's Speech aux Oscars, un portrait humain de son père, George VI.

Paradoxalement, les républicains, qui représentent entre 20% et 30% de la population, ont aussi de bonnes raisons de se réjouir: leur cause a pris du galon. «Nous comptons 5000 nouveaux supporteurs depuis l'annonce des fiançailles», a annoncé dernièrement Graham Smith, directeur du groupe antimonarchiste Republic.

L'organisation, qui souhaite un référendum sur la monarchie à la mort de la reine Élisabeth, tire à boulets rouges sur une institution «archaïque et discriminatoire».

Selon un acte datant de 1701, toujours en vigueur, seul un anglican peut accéder au trône et les héritiers mâles ont préséance sur les femmes.

Le député travailliste Keith Vaz a proposé un amendement à la loi en janvier. Il a tenté de soutirer l'appui de Stephen Harper, puisque les 53 pays du Commonwealth doivent être consultés dans le processus. Mais un porte-parole du premier ministre a répondu que ce n'était pas une priorité des Canadiens.

Si le premier enfant du prince William et de Catherine Middleton est de sexe féminin, la question des règles de succession deviendra pressante pour le Parlement britannique.

Autre anachronisme qui fait tiquer les républicains: le poste de chef d'État occupé par la reine est héréditaire - le premier ministre est seulement chef du gouvernement. La Couronne est «raciste par défaut», selon Peter Thatchell, célèbre militant tous azimuts et membre de Republic.

«Nous avons tous célébré l'arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche, dit Peter Thatchell. Tant que notre monarque sera chef d'État, cela ne pourra jamais se produire ici puisque la famille royale est blanche.»

Face à l'argument économique voulant que la monarchie génère des revenus touristiques, Peter Thatchell donne la France en exemple. «Le château de Versailles reçoit plus de visiteurs que le château de Windsor, même 200 ans après la décapitation du roi Louis XVI.»