L'administration Obama a pour la première fois mercredi déposé plainte contre BP pour que la responsabilité civile du groupe pétrolier soit établie dans la pire marée noire de l'histoire des États-Unis, et qu'il lui rembourse des milliards de dollars.

La plainte, déposée devant le tribunal fédéral de La Nouvelle-Orléans (Louisiane, sud) et dont l'AFP s'est procuré copie, évoque «bien plus de 75 millions de dollars» de dommages liés à la marée noire dans le golfe du Mexique, à la suite de l'explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, exploitée par BP, le 20 avril.

À terme, cette somme pourrait atteindre plusieurs milliards de dollars.

Depuis Londres, BP s'est ensuite déclaré prêt à coopérer avec les États-Unis.

«BP répondra en temps voulu aux accusations du gouvernement et poursuivra sa coopération dans toutes les enquêtes menées par le gouvernement et ses demandes de renseignements», déclare le groupe dans un communiqué.

L'administration américaine souhaite que la responsabilité civile de BP et de huit autres sociétés impliquées, dont le propriétaire de la plateforme Transocean, soit établie dans la catastrophe qui a fait 11 victimes.

«Les États-Unis estiment qu'il y a eu violation des règles de sécurité, notamment parce que les précautions nécessaires afin de sécuriser le puits avant l'explosion n'ont pas été prises», a expliqué lors d'une conférence de presse le ministre américain de la Justice, Eric Holder.

Il a également cité des manquements dans «le suivi de la surveillance et la maintenance du puits», «l'absence de maintenance des équipements et outils les plus performants disponibles et indispensables pour protéger les personnels, la plateforme, les ressources naturelles et l'environnement».

«La totalité des dommages causés par la marée noire (...) n'est pas encore connue et pourrait ne pas l'être avant des années», explique l'administration dans sa plainte.

«L'État fédéral a répondu à la marée noire de manière inédite en termes d'ampleur, de durée et de montant des dépenses», poursuit-elle.

L'administration appuie sa demande de compensations financières sur les lois américaines contre les pollutions pétrolières et sur les Eaux propres, «pour les pertes du gouvernement en nettoyage, le manque à gagner économique et les dommages environnementaux», a expliqué Eric Holder.

Il a rappelé que le dépôt de cette plainte n'était que «la première étape» des procédures judiciaires envisagées. «Les enquêtes civiles et pénales se poursuivent et notre tâche consiste à nous assurer que les contribuables américains n'auront pas à supporter le coût de la réhabilitation de la zone sinistrée et de la relance de l'activité économique de la région», a détaillé le ministre.

La plainte de l'État fédéral vient s'ajouter aux dizaines d'autres déposées depuis la catastrophe par des particuliers, petits commerçants et entreprises exploitant les richesses environnementales du golfe du Mexique, dont le fragile écosystème est unique au monde.

Ces plaintes ont toute été regroupées en une seule cet été et placées entre les mains d'un juge fédéral de La Nouvelle-Orléans, Carl Barbier, qui devrait prendre en charge la plainte de l'État fédéral en parallèle, selon le ministère de la Justice.

Malgré la mauvaise publicité de cette marée noire, BP a opéré un retour spectaculaire aux bénéfices, en dégageant au troisième trimestre 2010, un bénéfice net de 1,785 milliard de dollars.

Début novembre, le montant des dépenses liées à la marée noire pour BP était estimé à 40 milliards de dollars, dont un tiers avait été versé dans les faits.