Le pétrole se déversant dans le golfe du Mexique pourrait atteindre 100 000 barils par jour dans le pire des cas, selon un document interne de BP transmis en mai au Congrès américain et rendu public par un élu qui accuse le groupe d'avoir menti sur les risques encourus.

Au moment où le document a été remis aux élus, BP estimait la fuite à 5 000 barils de pétrole par jour et avait indiqué à des élus qu'au maximum elle pourrait atteindre 60 000 barils.

Dans le document transmis au Congrès et dont deux pages ont été rendues publiques dimanche par le président démocrate de la sous-commission de l'Environnement à la Chambre des représentants, Edward Markey, BP estime que dans le meilleur des cas ce seraient 55 000 barils de pétrole qui se déverseraient chaque jour dans le Golfe.

Selon les autorités américaines, le puits situé à 1 500 m de profondeur et quelques 80 km des côtes américaines crache actuellement chaque jour entre 35 000 et 60 000 barils.

Dans son document qui n'est pas daté, BP fonde son estimation sur un scénario catastrophe provoqué par des interventions qui tourneraient mal au niveau du puits --retrait de la tête du puits et d'un certain nombre de valves--, ainsi que par une mauvaise évaluation des moyens pour stopper la fuite.

«Dans un premier temps ils avaient dit qu'il n'y avaient que 1 000 barils de pétrole, ensuite ils ont dit que c'étaient 5 000 et maintenant nous sommes à 100 000 barils», a indiqué Edward Markey à la chaîne de télévision NBC. «Soit ils mentent, soit ils sont extrêmement incompétents».

«C'était leur technologie, leur fuite, ce sont eux qui auraient dû savoir dès le début et, soit pour limiter leur responsabilité, soit parce qu'ils sont extrêmement incompétents, ils ont évité de donner une réponse complète sur l'ampleur de ce désastre», a-t-il ajouté. «BP aurait dû être plus honnête».

«Même si nous ne pouvons pas connaître de manière certaine l'état du puits de forage, nous aurions dû savoir combien de pétrole pouvait s'en échapper, BP savait», a-t-il martelé dans un communiqué.

«Il est clair que, depuis le début, BP n'a pas été franc avec le gouvernement ou les Américains à propos de la vraie taille de cette fuite», a-t-il ajouté. «BP doit nous dire ce qu'il va faire si le puits de forage est endommagé et 100 000 barils de pétrole se déversent chaque jour dans l'océan».

 Le groupe pétrolier, exploitant de la plateforme Deepwater Horizon dont le naufrage le 22 avril a provoqué la marée noire, s'est défendu en indiquant que les conditions pour que son scénario catastrophe devienne une réalité n'ont jamais été réunies.

«Nous disions à l'époque que si deux conditions étaient réunies en même temps (...) alors nous pourrions avoir 100.000 barils de pétrole», par jour, a indiqué à l'AFP un porte-parole de BP Robert Wine, précisant que l'estimation donnée dans le document «n'avait rien à voir avec la quantité de pétrole s'échappant actuellement» du puits.