BP a affirmé lundi enregistrer de «grands progrès» contre la marée noire dans le golfe du Mexique, ce qui n'a visiblement pas empêché l'administration Obama de décider de créer une commission d'enquête indépendante sur la catastrophe écologique.

BP a enfin semblé enregistrer un succès notable dans le combat mené contre la pollution au brut depuis que la plateforme Deepwater Horizon a coulé le 22 avril après une explosion. Le groupe britannique a réussi à mettre en place un tuyau permettant de siphonner jusqu'à un cinquième des centaines de milliers de litres de brut qui se déversent quotidiennement dans la mer.

En dépit de cette avancée, un responsable de l'administration qui s'exprimait sous couvert d'anonymat, a annoncé lundi soir que M. Obama, qui a fortement haussé le ton à l'égard de BP ces derniers jours, s'apprêtait à créer une commission d'enquête.

Les interrogations sur la gestion du secteur semblent avoir eu un impact au sein même de son administration puisque le responsable de l'exploitation pétrolière en mer, Chris Oynes, est parti à la retraite lundi, en pleine crise.

Le service de gestion des ressources minières (MMS) dont il faisait partie avait été critiqué pour son laxisme dans l'inspection de la plateforme Deepwater Horizon.

Le pétrole que BP a réussi à absorber grâce à un tube inséré dans le conduit du puits gisant à 1 500 m de profondeur est récupéré est stocké à bord d'un navire à la surface, à quelque 80 km des côtes de Louisiane.

«Cela semble prometteur», a déclaré la ministre de la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, avant d'ajouter toutefois que «nous sommes au milieu de cette crise» et «pas prêts d'en voir la fin».

Le tube «est en marche depuis plus de 24 heures» et récupère jusqu'à «1 000» barils de brut (environ 160 000 litres) par jour, a déclaré sur CNN Doug Suttles, un responsable de BP.

C'est un «grand progrès», a souligné M. Suttles, même si la quantité récupérée ne représente qu'un cinquième des 800.000 litres, selon BP, qui se répandent quotidiennement dans la mer.

Ce volume serait toutefois 5 à 20 fois supérieur, selon de récentes évaluations d'experts, dont la thèse semble être accréditée par la découverte par des scientifiques américains d'énormes nappes de brut à grande profondeur.

La réussite de l'opération de pompage constitue une bonne nouvelle pour BP, qui peut espérer capitaliser sur cette annonce pour redorer son image aux Etats-Unis après avoir été visé par des manifestations la semaine dernière.

Mais la tâche s'annonce rude. L'organisation américaine de journalisme d'investigation Center for Public Integrity affirme lundi que deux raffineries de pétrole exploitées par BP aux Etats-Unis ont cumulé à elles seules quelque 97% de toutes les violations relevées dans ce secteur au cours des trois dernières années, la plupart du temps pour «erreur flagrante et délibérée».

Un responsable de BP, Bob Dudley, a réaffirmé lundi sur la chaîne ABC que le groupe répondrait à «toutes les plaintes légitimes» au-delà du plafond de 75 millions de dollars prévu par la loi américaine.

Huit sénateurs américains ont d'ailleurs écrit lundi au ministre de la Justice, Eric Holder, pour demander l'ouverture d'une enquête afin de déterminer les éventuelles responsabilités civiles et pénales du groupe dans la marée noire.

«Nous vous demandons d'ouvrir une enquête pour déterminer si British Petroleum (BP) a fait des déclarations fausses et mensongères au gouvernement fédéral» sur sa capacité à répondre à une marée noire, écrivent-ils au ministre.