Deux nouvelles femmes ont accusé vendredi le candidat à la présidentielle américaine Donald Trump de harcèlement et gestes constitutifs d'agression sexuelle.

L'une d'elle, Summer Zervos, a participé à l'émission de téléréalité The Apprentice, animée de 2003 à 2015 par Donald Trump, mais a été éliminée de ce jeu à l'embauche.

«Après avoir été éliminée, j'ai continué à le voir comme un potentiel mentor. En 2007 j'ai contacté son bureau pour déjeuner avec lui. On m'a dit qu'il ne pouvait pas déjeuner mais qu'il voulait me rencontrer. Quand je suis arrivée, il m'a embrassée sur la bouche», a raconté Mme Zervos lors d'une conférence de presse.

«Il a dit qu'il aimerait beaucoup que je travaille pour lui», a-t-elle ajouté.

À Los Angeles, Donald Trump l'invite à dîner à son hôtel et Mme Zervos est emmenée dans un bungalow.

«Je me suis levée et il est venu vers moi et m'a embrassée à pleine bouche en m'attirant vers lui. J'ai reculé et me suis assise sur une chaise», raconte Summer Zervos.

«Il m'a demandé de s'assoir près de lui. Ce que j'ai fait. Puis il m'a prise par l'épaule et a commencé à me parler agressivement et il a mis sa main sur mes seins. J'ai reculé et suis partie dans une autre pièce.»

«Il est venu vers moi et m'a pris la main et m'a emmenée dans la chambre. Je suis sortie.»

«Il m'a prise dans les bras et j'ai essayé de le repousser. Je l'ai repoussé pour avoir un peu d'espace entre nous et j'ai dit "Allez, faut pas rêver". Et il m'a répété ces mots "faut pas rêver" tout en commençant à faire des mouvements suggestifs du bassin».

Mme Zervos a expliqué qu'elle avait décidé de parler après avoir entendu M. Trump nier, lors du débat face à Mme Clinton dimanche, s'être jamais comporté comme un prédateur sexuel.

Déluge d'accusations

Quelques heures plus tôt, Kristin Anderson a raconté au Washington Post qu'au début des années 1990, dans un club de New York, Donald Trump avait touché son vagin à travers ses sous-vêtements en mettant sa main sous sa jupe.

Chaque jour libère ainsi la parole de femmes accusant le promoteur immobilier de les avoir embrassées, pelotées ou pire, depuis l'exhumation vendredi dernier d'une vidéo accablante de 2005.

«Mensonges, mensonges, mensonges», a déclaré Donald Trump vendredi à Greensboro, en Caroline du Nord. «Les articles sont inventés et faux».

«C'est une menteuse», a dit Donald Trump de l'ancienne journaliste du magazine People qui a raconté mercredi avoir été embrassée de force en 2005. «Si cela s'était produit, elle l'aurait écrit» à l'époque, a-t-il affirmé.

Quant à Jessica Leeds, qui l'a accusé dans le New York Times de l'avoir pelotée dans un avion dans les années 1980: «je vais vous dire, elle ne serait pas mon premier choix».

Le milliardaire dénonce une collusion des médias et de l'équipe Clinton. «Toute cette élection est truquée. Ces mensonges répandus par les médias sans preuve sont en train d'empoisonner l'esprit de l'électorat», a-t-il dit.

Et il a nommé l'un des actionnaires du New York Times, l'homme d'affaires Carlos Slim, comme l'un des comploteurs: «Carlos Slim vient du Mexique. Il a donné des millions de dollars aux Clinton et à leur organisation», a-t-il déclaré, en faisant référence aux dons du milliardaire mexicain à la Fondation Clinton.

«Slim ne le connaît pas, même de vue, et il ne s'intéresse pas le moins du monde à sa vie privée», a déclaré à l'AFP Arturo Elias, gendre de Carlos Slim et porte-parole.

Trump attaque Obama

Dans un communiqué, Donald Trump a nié avoir jamais rencontré Mme Zervos dans un hôtel, ou «l'avoir saluée de façon déplacée il y a dix ans».

«Ce n'est pas le genre de personne que je suis, et ce n'est pas la façon dont j'ai mené ma vie», poursuit le candidat, en affirmant que la femme l'avait contacté en avril pour demander qu'il visite son restaurant en Californie.

Dénonçant un acharnement médiatique, il a annoncé qu'il s'adresserait au pays directement et «d'une façon plus personnelle» dans les prochains jours, pour présenter ses idées sur l'emploi et la lutte contre «le terrorisme islamique radical».

«L'Amérique vaut mieux que cela», a estimé Hillary Clinton, s'exprimant lors d'une réception de collecte de fonds à Seattle, tandis que sa porte-parole Jennifer Palmieri déplorait que Donald Trump épouse des thèses conspirationnistes.

La véritable tête d'affiche du camp démocrate pour vendredi était en fait le président Barack Obama, qui a de nouveau appelé à rejeter le républicain lors d'un meeting de soutien à Hillary Clinton.

«Le savoir-vivre est en jeu dans cette élection. La tolérance est en jeu. La courtoisie est en jeu. L'honnêteté est en jeu. L'égalité est en jeu. La bienveillance est en jeu», a déclaré M. Obama à Cleveland, dans l'Ohio.

Donald Trump «salue l'ingérence des Russes dans notre processus électoral, et suggère maintenant que si la campagne ne se déroule pas comme il l'entend, ce n'est pas à cause de ce qu'il a dit, mais parce que l'élection est truquée et que c'est une imposture. Vous savez, certains pays fonctionnent comme ça, et ce sont des tyrannies qui pratiquent l'oppression», a souligné M. Obama.

Ces attaques ont provoqué de la part du milliardaire une furieuse réaction.

«Pourquoi est-ce qu'une femme ne vient pas dire sur lui les mêmes choses fausses qu'on dit sur moi?» a lancé Donald Trump à ses supporteurs.

«Obama est un incompétent», a-t-il ensuite répété.

Les femmes qui accusent Donald Trump

Une dizaine de femmes accusent publiquement le candidat républicain à la Maison-Blanche de gestes constitutifs d'agressions sexuelles. Qui sont elles, où les faits rapportés se sont-ils produits, qu'ont-elles dit? Voici une liste de ces accusations:

Jessica Leeds, 74 ans, ancienne femme d'affaires

- Lieu: dans un avion

- Date: au début des années 1980

- «Il était comme une pieuvre (...) ses mains étaient partout.»

- Source: le New York Times

Rachel Crooks, la trentaine, réceptionniste à l'époque

- Lieu: à la sortie d'un ascenseur de la Trump Tower, à New York.

- Date: 2005

- Après avoir simplement fait connaissance et échangé une poignée de main, «il m'a embrassé directement sur la bouche».

- Source: le New York Times

Jill Harth, travaillait pour des concours de beauté

- Lieu: à Mar-a-Lago, le domaine de Trump en Floride

- Date: 24 janvier 1993

- «J'admirais la décoration, et la seule chose dont je me souviens ensuite c'est qu'il me pousse contre un mur et met ses mains partout sur moi.»

- Source: le New York Times

Mindy McGillivray, 36 ans, qui était assistante photographe

- Lieu: à Mar-a-Lago, le domaine de Trump en Floride

- Date: 24 janvier 2003

- «C'était plutôt un pelotage appuyé. Plus qu'un simple attouchement. C'était très près du centre de mes fesses. J'étais abasourdie.»

- Source: le Palm Beach Post

Natasha Stoynoff, qui collaborait au magazine People



- Lieu: à Mar-a-Lago, le domaine de Trump en Floride

- Date: décembre 2005

- «Trump a fermé la porte derrière nous. Je me suis retournée, et en l'espace de quelques secondes, il était en train de me plaquer contre le mur et d'enfoncer sa langue dans ma gorge.»

- Source: magazine People

Cassandra Searles, ancienne Miss Washington 2013

- Lieu: concours de Miss États-Unis

- Date: 2013

- «Il ne veut probablement pas que je raconte l'histoire de cette époque quand il me pelotait continuellement les fesses et m'invitait dans sa chambre d'hôtel.»

- Source: sa page Facebook rapportée par Yahoo

Temple Taggart McDowell, ancienne miss Utah

- Lieu: concours Miss USA à Shreveport, en Louisiane.

- Date: 1997

- «C'est à ce moment-là qu'il s'est retourné vers moi, m'a donné une accolade et m'a embrassée sur la bouche.»

- Source: NBC News

Summer Zervos, ancienne concurrente du jeu de téléréalité The Apprentice

- Lieu: Los Angeles

- Date: 2007

- «Je me suis levée et il est venu vers moi et m'a embrassée à pleine bouche en m'attirant vers lui. J'ai reculé et me suis assise sur une chaise.»

- Source: conférence de presse

Kristin Anderson, ex-apprentie mannequin

- Lieu: une boîte de nuit à New York

- Date: début des années 1990

- «La personne sur ma droite, qui était Donald Trump, a mis ses mains sous ma jupe. (...) Il m'a touché le vagin à travers mes sous-vêtements.»

- Source: le Washington Post