Donald Trump a de nouveau enflammé le débat sur l'immigration après les attentats qui ont blessé plusieurs dizaines de personnes ce week-end à New York, relançant ses attaques contre les réfugiés syriens et mettant le chaos au Moyen-Orient sur le compte d'Hillary Clinton.

L'immigration est un sujet inséparable de l'ascension politique fulgurante du candidat républicain à la Maison-Blanche. Dans son parti, la grande majorité des électeurs approuvent sa ligne dure, les sondages montrant qu'une majorité de républicains étaient d'accord avec sa proposition de décembre 2015 d'interdire aux musulmans d'entrer sur le territoire américain.

Donald Trump n'évoque plus nommément les musulmans, mais il souhaite un retour du profilage par la police, et promet la fermeture des frontières pour les immigrés et voyageurs de certains pays jugés dangereux, comme la Syrie.

Le candidat revient avec insistance sur le «cheval de Troie» des flux de réfugiés syriens, citant les infiltrations en Europe par des agents du groupe djihadiste État islamique (EI), et affirmant que les services d'immigration ignorent tout du passé de ceux que les États-Unis accueillent.

«Nous devons être certains que seuls des gens qui aiment notre pays ont le droit d'y entrer», a-t-il redit mardi dans un discours quasi-exclusivement consacré à l'immigration et au terrorisme sur un campus à High Point, en Caroline du Nord.

Et le républicain a dénoncé la politique de «frontières ouvertes» promue selon lui par sa rivale démocrate, l'accusant d'avoir contribué à l'émergence de l'EI lorsqu'elle dirigeait la diplomatie américaine de 2009 à 2013.

«Tous ces désastres avec l'EI se sont produits sous les yeux d'Hillary Clinton, à cause de son manque de jugement, de ses mauvaises décisions, de sa politique en Irak, en Libye et en Syrie», a-t-il dit, reprochant à la fois à la démocrate d'avoir voté pour la guerre en Irak en 2002 et d'avoir soutenu le retrait américain de 2011.

Bush père votera Clinton  

Reste à savoir si le reste des Américains se laisseront convaincre, et notamment ceux toujours indécis à 49 jours du scrutin.

L'ancien président George H.W. Bush ne sera pas de ceux là: il a confié qu'il avait l'intention de voter pour Hillary Clinton, dans une conversation rapportée sur Facebook par Kathleen Kennedy Townsend, ancienne gouverneure adjointe de l'État du Maryland et fille aînée de Robert Kennedy, l'ancien ministre de la Justice assassiné.

«Le président m'a dit qu'il va voter pour Hillary!», a-t-elle posté sur le réseau social, en légende d'une photo où elle serre la main de l'ancien président.

Hillary Clinton, une semaine après sa pneumonie, n'avait aucun engagement public mardi, préparant selon CNN le débat présidentiel de lundi prochain.

«Elle prend encore sa journée. Elle a besoin de repos. Dors bien Hillary, on se voit au débat!», a tweeté Donald Trump.

Elle a cependant pris le temps de réitérer sa position après les attentats.

«Nous ne pouvons pas perdre notre sang-froid et nous mettre à fulminer et à nous agiter, nous ne pouvons pas proposer des choses extrêmes qui ne serviront à rien, et perdre de vue nos valeurs», a-t-elle déclaré dans une conférence téléphonique avec ses conseillers de sécurité nationale, selon son équipe de campagne.

«Aujourd'hui, un pays entouré de murs ne ferait que s'emprisonner», avait dénoncé plus tôt le président Barack Obama à la tribune de l'ONU, après avoir déploré la montée en puissance d'un «populisme grossier» à travers le monde.

Un des fils du candidat républicain, Donald Trump Jr., a lui créé la polémique en publiant lundi soir sur son compte Twitter une photo d'une coupe de bonbons Skittles accompagnée du texte suivant: «Si j'avais un bol de Skittles et vous disais que trois d'entre eux pourraient vous tuer. Est-ce que vous en prendriez? C'est notre problème de réfugiés syriens».

Les Skittles sont ces bonbons que Trayvon Martin, un adolescent noir, était sorti acheter le soir où un homme blanc l'a tué par balles dans la rue en 2012 en Floride. Symbole de sa mémoire, ce bonbon est aussi devenu une référence dans les milieux racistes et partisans de la supériorité de la race blanche qui se plaisent à l'utiliser dans des contextes macabres et moqueurs.

PHOTO ARCHIVES REUTERS

George H.W. Bush à la Maison-Blanche en 2013.