Sitôt acté le remaniement de son équipe, Donald Trump est reparti au combat jeudi, sa nouvelle directrice de campagne promettant de rendre au candidat son «authenticité», pour essayer de remonter la pente face à Hillary Clinton.

Donald Trump, distancé dans les sondages à 82 jours de l'élection présidentielle américaine, avait créé la surprise mercredi en remaniant pour la deuxième fois en deux mois son équipe de campagne. Celle mise en place en juin, sous la houlette du sulfureux Paul Manafort, avait essayé de le cadrer, d'éviter - vainement - les dérapages - et de le rendre plus «présidentiel». Donald Trump n'avait guère apprécié d'être ainsi bridé.

«Je suis qui je suis, je suis moi, je ne veux pas changer», avait-il insisté en début de semaine dans une interview à la chaîne de télévision WKBT, dans le Wisconsin.

Jeudi, sa nouvelle directrice de campagne, Kellyanne Conway, sondeuse républicaine connue et respectée, première femme à  être nommée à ce poste dans une campagne présidentielle républicaine, a plaidé pour rendre au candidat son authenticité, tout en affûtant son message.

«Je pense que nous allons affûter son message. Nous allons nous assurer que Donald Trump est bien dans sa peau, ne perd pas son authenticité qui n'a pas de prix et qu'aucun sondeur ne peut vous donner», a-t-elle expliqué sur CNN.

«Le conseil que je lui donnerais, c'est d'être authentique, c'est ce que les Américains apprécient», a-t-elle insisté sur ABC.

Mieux structurer la campagne

Mais Mme Conway, qui voyagera avec Trump au jour le jour, a aussi évoqué la nécessité de mieux structurer la campagne du candidat républicain sur le terrain, et de concentrer ses discours sur les questions qui préoccupent les Américains. «Nous devons nous éloigner de la campagne sans contenu, au profit de la substance, et parler aux gens qui luttent», a-t-elle ajouté sur CBS, après des mois de polémiques et d'attaques personnelles.

Elle a reconnu que Donald Trump était à la peine dans les sondages (41,2% contre 47,2% pour Mme Clinton, selon une moyenne du site Real Clear politics), mais estimé que cela aidait son camp en le motivant.

«Cela allume un feu en nous, et nous rappelle ce que nous devons faire pour y arriver».

Affable, souriante, posée, elle ne pourrait pas être plus différente de Steve Bannon, patron du site ultraconservateur Breitbart News, nommé mercredi directeur général de la campagne Trump. Outsider, homme de l'ombre dont même la date de naissance reste un mystère, sa nomination a été vécue comme une provocation, voire une déclaration de guerre par un establishment républicain de plus en plus inquiet, qu'il critique sans concession. Agitateur populiste, Bannon est aussi un critique acharné d'Hillary Clinton, son site relayant rumeurs et accusations contre la démocrate, ce qui laisse anticiper une fin de campagne impitoyable.

Breitbart «n'est pas simplement (un site) conservateur, mais extrémiste, sectaire, colporteur de théories du complot anti-musulmans et antisémites» a dénoncé jeudi la campagne d'Hillary Clinton. Ils «n'ont jamais été et ne devraient jamais être près des leviers du pouvoir dans ce pays».

«C'est un tacticien brillant», a répondu Mme Conway.

Ce changement d'équipe semblait en tout cas rasséréner jeudi Donald Trump, attendu en soirée en Caroline du Nord.

«Ils m'appelleront bientôt M. Brexit», a-t-il tweeté, une façon d'affirmer qu'en dépit des sondages, il allait créer la même surprise que le référendum de juin, favorable à la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Mme Clinton devait rencontrer à New York huit responsables des forces de l'ordre, dont le chef de la police de New York Bill Bratton.

La campagne Trump a aussi prévu de commencer à diffuser vendredi ses premières publicités télévisées de campagne, dans quatre États clés, Ohio, Pennsylvanie, Floride et Caroline du Nord.

Des statues peu flatteuses de Trump nu

Donald Trump est apparu sous un nouveau jour jeudi. Des statues grandeur nature - et nues - du candidat républicain à la présidence ont été érigées à New York, San Francisco, Los Angeles, Seattle et Cleveland.

Il s'agit de créations du collectif engagé INDECLINE, qui a déjà dénoncé Donald Trump par le passé.

Par voie de communiqué, INDECLINE a indiqué qu'il souhaitait ainsi que Donald Trump, l'ancien animateur de la série de télé-réalité The Apprentice, «n'accède jamais à la position politique et militaire la plus puissante au monde».

C'est un artiste de Cleveland qui a réalisé ces statues. Donald Trump y est représenté avec les mains croisées sur son ventre protubérant. Certaines parties de ses organes génitaux sont apparentes, tandis que d'autres semblent manquer à l'appel.

L'équipe de campagne de Donald Trump a refusé d'émettre un commentaire.

«C'est à travers ces sculptures que nous léguons l'incarnation physique et métaphorique de l'âme abjecte de l'un des politiciens les plus infâmes et vilipendés des États-Unis», est-il écrit dans le communiqué.

Une statue dressée dans la place Union Square a capté l'attention du public avant d'être retirée par le service des parcs de la ville New York.

«Les Parcs de la ville de New York s'opposent fermement à toute érection interdite dans les parcs de la ville, aussi petite soit-elle», a déclaré son porte-parole Sam Biederman.

Dans une vidéo publiée par sur la tribune «DNAinfo», on peut apercevoir des curieux huer et grogner tandis que des employés cassent la base de la sculpture, laissant ses pieds derrière et la chargeant à plat ventre à l'arrière d'une camionnette. «Emportez ses pieds dégoûtants aussi», a crié une femme.

Interrogé sur le monument, le maire démocrate Bill de Blasio a lancé: «C'est une idée effrayante. Je ne l'aime pas lorsqu'il porte des vêtements.»

Selon INDECLINE, les statues sur la côte Ouest des États-Unis sont toujours en place.

Le groupe n'en est pas à sa première initiative anti-Trump. Le collectif a également réalisé un graffiti avec de la peinture aérosol sur la frontière entre les États-Unis et le Mexique, à proximité de Tijuana, illustrant le magnat de l'immobilier bâillonné.

Parmi ses autres oeuvres figurent l'inscription des noms des Afro-Américains morts aux mains des policiers sur le trottoir du Walk of Fame, à Hollywood, de même qu'une peinture sur une piste d'atterrissage inutilisée dans le désert des Mojaves où l'on pouvait lire «Cette terre était notre terre».

Photo REUTERS, Brendan McDermid