Relancer sa campagne et vite. À la peine financièrement et devancé dans les sondages après plusieurs semaines de turbulences, Donald Trump a fait feu de tout bois mercredi, multipliant les attaques contre Hillary Clinton.

Dans un discours à New York, le candidat républicain présumé à la Maison-Blanche l'a notamment violemment attaquée sur son bilan de secrétaire d'État, l'accusant d'avoir dirigé le Département d'État (2009-2013) comme son « fonds spéculatif personnel », et d'avoir réussi en quatre ans à « déstabiliser tout le Moyen-Orient ».

> Réagissez sur le blogue de Richard Hétu

« L'EI nous menace aujourd'hui à cause des décisions qu'Hillary Clinton a prises avec le président Obama », a-t-il asséné depuis la tour Trump Soho à Manhattan, devant une salle comble.

Citant George Washington et Abraham Lincoln, parlant beaucoup plus calmement qu'à l'habitude, M. Trump, qui a commencé cette semaine à réorganiser sa campagne, a aussi critiqué sa rivale démocrate pour ses discours grassement payés avant qu'elle ne soit candidate, et affirmé qu'elle était « peut-être la personne la plus corrompue à ne s'être jamais présentée à la présidence ».

Il l'a aussi critiquée sur ses positions en matière d'immigration, a dénoncé les accords commerciaux qu'elle avait soutenus dans le passé, ainsi que les dons acceptés selon lui par la Fondation Clinton venant de pays au bilan douteux en matière de droits de l'homme.

Message d'Hillary « fatigué »

« Le message d'Hillary Clinton est vieux et fatigué. Son message est que cela ne peut pas changer. Mon message est que les choses doivent changer », a-t-il ajouté, promettant de placer les Américains ordinaires au coeur de sa politique et appelant les partisans du démocrate Bernie Sanders à le rejoindre.

Donald Trump, dont ce discours était perçu comme sa première grande intervention contre sa rivale démocrate dans la perspective des conventions de leurs partis respectifs en juillet, a aussi laissé entendre mercredi qu'il pourrait continuer à dépenser son propre argent.

M. Trump avait seulement un million de dollars dans ses coffres à la fin mai, contre 42,5 millions pour Mme Clinton, ce qui affole les cercles républicains.

Il a essayé de le tourner à son avantage dans une interview télévisée. « Je ne veux pas consacrer le reste de ma vie à récolter de l'argent auprès d'autres personnes. Quand elle (Hillary) récolte cet argent, chaque fois, elle passe des accords... tout l'argent qu'elle récolte c'est de l'argent du sang », a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision CBS.

« Elle reçoit beaucoup d'argent de Wall Street, elle prendra soin de Wall Street. Elle reçoit beaucoup d'argent de beaucoup de gens, elle prendra soin de ces gens ».

Une méthode de financement inhabituelle

Mais Donald Trump a dans le même temps accéléré les réceptions de collectes de fonds, et envoyé une lettre à ses partisans demandant selon lui « pour la première fois » des contributions financières, en promettant de participer avec ses fonds propres, à égalité de ce qu'il recevrait dans les 48 heures, jusqu'à 2 millions de dollars.

Le candidat républicain à la Maison-Blanche organisait un petit-déjeuner dans un restaurant italien, le Cipriani, avec de grands donateurs républicains, pour un don minimum de 25 000 $ par personne selon le Wall Street Journal (seuls 2700 $ iront dans les caisses de campagne de Donald Trump, le reste ira au Parti républicain).

L'offensive suit le dépôt des comptes de campagne du républicain et d'Hillary Clinton pour le mois de mai, à l'issue duquel elle disposait de 40 millions de dollars de trésorerie de plus que lui.

« J'ai beaucoup plus de 40 millions de dollars en réserve si je veux dépenser mon propre argent », a-t-il toutefois dit mercredi sur Fox News. « Nos chiffres vont s'améliorer. Mais surtout, je ne veux pas lever des milliards de dollars », a-t-il ajouté, en affirmant qu'il ne voulait rien devoir aux grands donateurs.

« Je peux y arriver avec beaucoup, beaucoup moins d'argent, et gagner », a-t-il dit.

Mais sa méthode de financement est inhabituelle. Le milliardaire a jusqu'à présent prêté (et non donné) 45,7 millions de dollars à son comité de campagne. Il est en droit de lever des fonds auprès de ses partisans pour se rembourser, mais il avait dit en mai à la chaîne MSNBC qu'il n'avait « absolument aucune intention de se faire rembourser ».

Dans le détail, environ le cinquième des sommes dépensées en mai l'ont été auprès d'entreprises de son empire, selon l'analyse par le New York Times des 1699 pages de sa déclaration auprès de la commission fédérale électorale (FEC). Son comité a par exemple payé 423 000 $ au club privé Mar-a-Lago en Floride, qui appartient au milliardaire, et où il a organisé plusieurs conférences de presse en mars.

Des chèques ont également été signés pour la société gérant sa flotte d'avions (350 000 $), des restaurants Trump (125 000 $) ou encore la tour Trump à New York (170 000 $), où le quartier général de sa campagne loue des bureaux.

La reprise en main de sa campagne intervient après qu'il se soit séparé lundi de son directeur de campagne Corey Lewandowski, au profit de celui qui est désormais son homme fort, Paul Manafort.

Donald Trump a depuis annoncé plusieurs embauches, dont notamment un directeur politique national, Jim Murphy, chargé des relations avec un Parti républicain toujours mal à l'aise face au milliardaire incontrôlable.

Son équipe a aussi répondu systématiquement aux déclarations de Mme Clinton, dénonçant dans une salve de communiqués le bilan « catastrophique » des « politiques Obama-Clinton », ou affirmant que Trump créerait « des millions d'emplois », à l'inverse du « programme d'Hillary-achetée-et-payée par Wall Street qui détruira la classe moyenne ».

Donald Trump a aussi attaqué sur Twitter et de vive voix sur Instagram.

Et il a même annoncé le lancement d'un site internet consacré à « Hillary la menteuse-escroc » recensant ses mensonges « les plus désastreux ».

Dans les sondages pour l'élection présidentielle, Hillary Clinton mène en moyenne avec 45 % des intentions de vote contre 39 % pour Donald Trump.

Les conventions démocrate et républicaine de juillet devraient les désigner comme les candidats de leur parti respectif à l'élection présidentielle du 8 novembre. Des milliers de manifestants y sont attendus.