La démocrate Hillary Clinton et le républicain Donald Trump espèrent asséner le coup de grâce à leurs rivaux respectifs dans la course à la Maison-Blanche lors de cinq primaires cruciales mardi, désireux de se lancer enfin dans le duel de l'élection présidentielle.

Mais il ne faut pas s'attendre à ce que leurs adversaires jettent l'éponge aussi vite.

Cette course à la présidence 2016 est sans précédent dans la tradition politique américaine: chaque parti est engagé dans une bataille à l'investiture loin dans le calendrier des primaires.

Hillary Clinton, qui souhaite devenir la première femme à occuper le Bureau ovale, est confrontée à la ténacité du sénateur démocrate-socialiste du Vermont Bernie Sanders.

Mais l'ancienne secrétaire d'État et sénatrice de New York devrait creuser son avance mardi en nombre de délégués à la faveur de cinq primaires (Connecticut, Delaware, Maryland, Pennsylvanie et Rhode Island).

Elle a déjà orienté sa campagne vers le scrutin de novembre en visant Trump et son principal adversaire à l'investiture républicaine, le sénateur ultraconservateur du Texas Ted Cruz.

Autre signe: ses conseillers et alliés ont, affirme dimanche le New York Times, engagé d'intenses discussions pour désigner le meilleur candidat à la vice-présidence.

Une liste de quinze à vingt noms est en préparation, d'après les critères émis par la candidate, précise le NYT, ajoutant qu'un «ticket» entièrement féminin n'est pas écarté.

Si Mme Clinton remporte mardi les cinq États --elle est donnée gagnante par les sondages--, la pression sera forte pour que M. Sanders abandonne.

Obstination

Mais il n'en prend pas le chemin, insistant dimanche qu'il a encore une chance de la supplanter.

«Je ne vais pas vous dire que c'est facile, mais je pense que nous avons (une chance). Les sondages semblent montrer que dans de nombreux États à venir (...), nous avons une vraie possibilité de gagner», a-t-il dit sur CNN.

Pour le professeur Terry Madonna, du Franklin and Marshall College en Pennsylvanie, Sanders fait preuve d'«obstination», peut-être pour gagner le droit de s'exprimer lors de la convention démocrate à Philadelphie (Pennsylvanie) en juillet.

Mais, selon lui, la seule question est de savoir quand Mme Clinton «va engranger le nombre magique» de délégués pour avoir la majorité absolue (2383). Elle en a 1941.

Côté républicains, la situation est plus problématique, car l'état des lieux présage d'une convention «disputée», quand aucun candidat n'a la majorité absolue (1237 délégués).

Donald Trump mène largement, mais son populisme dérange au sein du parti républicain et certains fomentent pour l'écarter. S'il veut l'investiture, il lui faudra arriver à la convention en juillet à Cleveland (Ohio) avec cette majorité absolue.

Les responsables de sa campagne sont de plus en plus conscients que le milliardaire provocateur devra dépasser ce chiffre et pas simplement faire mieux que ses deux adversaires.

«Nous n'allons pas simplement remettre l'investiture à quelqu'un qui aurait une majorité relative, même s'il est proche de 1237», a déclaré vendredi Reince Priebus, président du comité national républicain, devant des délégués républicains en Floride.

«Il faut une majorité. «Presque» n'est pas suffisant», a-t-il ajouté, semblant s'adresser à M. Trump qui a accusé le système de désignation des délégués d'être «truqué» en sa défaveur.

Amadouer l'establishment républicain

Mais M. Priebus a critiqué les conservateurs ayant affirmé qu'ils ne soutiendraient pas l'homme d'affaires s'il était le porte-drapeau du parti.

«La politique est un sport d'équipe, et nous ne pouvons pas gagner à moins que nous nous rassemblions tous autour de quiconque sera investi», a-t-il prévenu.

Paul Manafort, nouvel homme fort de la campagne de Trump, spécialiste du processus des primaires, a indiqué aux délégués en Floride que son poulain entrait dans une nouvelle phase, plus professionnelle.

«Il est en train d'évoluer vers une phase que l'on attendait, mais pour laquelle il n'était pas prêt», a relevé M. Manafort, qui tente désormais d'amadouer l'establishment républicain que son candidat a publiquement tancé à maintes reprises.

Sa mission: faire comprendre que le Trump des rassemblements n'était qu'un personnage composé pour rallier à sa cause les électeurs frustrés.

Une évolution que Ted Cruz n'a pas manqué de railler. «Donald est en train de nous dire qu'il nous a menti», a-t-il lancé vendredi sur CNN.

Selon lui, «personne» n'arrivera à la convention avec une majorité absolue.

Son plan est d'être désigné candidat au second tour du vote à Cleveland, lorsque les délégués seront libres de voter pour qui bon leur semble.

Selon le professeur Madonna, il devrait manquer entre 25 et 100 délégués à Donald Trump pour atteindre le seuil crucial à la fin du processus des primaires le 7 juin.