Rassemblements politiques moins courus, défaites consécutives lors de cinq primaires, scandales à répétition : le dernier mois n'a pas été facile pour Donald Trump. Le milliardaire compte sur les primaires de New York, ce soir, pour freiner la guigne qui s'abat sur sa campagne. Est-il trop tard?

Une heure avant l'arrivée de Donald Trump sur scène lors d'un rassemblement à Plattsburgh, vendredi dernier, les partisans arrivaient au compte-gouttes. La sécurité ne demandait pas à voir de billets d'entrée. La section réservée aux médias était aux deux tiers vide.

« On dirait bien qu'il perd de la vitesse. Les gens n'en peuvent plus d'entendre parler de lui », a dit à La Presse Dan Sickles, rencontré dans le centre communautaire Crete, où avait lieu l'événement.

L'étudiant de l'Université d'État de New York disait y être par curiosité et non pas pour y témoigner de son soutien au candidat qui prône la construction d'un mur entre les États-Unis et le Mexique. « Avec ses positions extrêmes, il perd plus de partisans qu'il n'en gagne », a noté le jeune homme.

DEUX RÉALITÉS

L'événement de Plattsburgh n'avait rien à voir avec un autre rassemblement que Donald Trump a tenu près de la frontière canadienne en janvier et auquel La Presse a aussi assisté.

À Burlington, au Vermont, dans le fief du sénateur Bernie Sanders, des milliers de personnes ont fait la queue pendant plus de cinq heures, dans le froid, avant l'arrivée de l'homme d'affaires aux discours incendiaires.

Ceux qui n'avaient pas de billets ou qui refusaient de faire une profession de foi envers Donald Trump étaient renvoyés chez eux. Il était impossible d'obtenir une accréditation médiatique sans s'être inscrit 24 heures à l'avance. Des centaines de personnes n'ont pas été admises faute de place dans le théâtre choisi.

Si, à Burlington, des centaines de manifestants faisaient le pied de grue devant le lieu du rassemblement, à Plattsburgh, ils n'étaient qu'une poignée.

« Il y a plusieurs symptômes qui nous permettent de dire que la campagne de Donald Trump perd de la vitesse. Il y a de moins en moins de monde à ses rassemblements. Il y a plus de controverse entourant ce qu'il dit », note Gil Troy, professeur d'histoire à l'Université McGill, joint par La Presse à Chicago.



Depuis le 22 mars, Donald Trump n'a remporté que les primaires de l'Arizona et s'est incliné en Utah, au Dakota-du-Nord, au Wisconsin, au Colorado et au Wyoming.

« Il y a deux courses qui ont lieu en même temps. Une symbolique et une autre mathématique. Pour Donald Trump, la course mathématique ne va pas bien », note Frédérick Gagnon, directeur de l'Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand à l'UQAM. « S'il continue comme ça, ce sera difficile pour lui d'atteindre le chiffre magique de 1237 délégués qui lui permettra de remporter l'investiture dès le premier tour lors de la convention républicaine. Il devra alors faire ça à une convention contestée, et là, tout peut arriver », ajoute l'expert.

NEW YORK, NEW YORK

Cependant, tout n'est pas perdu pour la vedette de téléréalité. Les prochaines primaires, dont celle de New York ce soir, se dérouleront dans des États qui sont favorables à Trump. Dans l'Empire State, d'où Donald Trump est originaire, il est en avance de près de 30 points sur son plus proche rival dans les sondages, John Kasich. Donald Trump pourrait ainsi mettre la main sur la grande majorité des 95 délégués en jeu ce soir.

Les prévisions statistiques sont aussi rassurantes pour le camp Trump dans plusieurs autres États du nord-est du pays qui seront appelés à se prononcer au cours du prochain mois.

POPULARITÉ NATIONALE À LA BAISSE

S'il n'est pas écarté que Donald Trump réussisse à redonner vie à sa campagne pour l'investiture républicaine, le politicien néophyte aura une plus grande côte à remonter sur le plan national s'il affronte les démocrates dans la course à la Maison-Blanche en novembre.

Selon les récents sondages, Donald Trump s'inclinerait autant devant Hillary Clinton que devant Bernie Sanders. Sa cote de popularité auprès de l'électorat en général a aussi beaucoup régressé depuis janvier. Si, au début de l'année, 37,3 % des électeurs sondés disaient avoir une opinion favorable de Donald Trump, ils n'étaient plus que 29,4 % au début du mois.

« Ted Cruz et John Kasich font tous les deux valoir qu'ils ont de meilleures chances que Trump de remporter l'élection de novembre. Si on regarde la carte globale des États-Unis, ça ne s'annonce pas bien pour Trump. Il n'a pas l'appui des Noirs et des Latinos. Il a des problèmes avec les femmes. C'est impossible de gagner en ne ralliant que le vote des hommes blancs en colère », conclut Gil Troy.