Au lendemain d'une performance jugée moyenne ou médiocre lors du premier débat présidentiel, Barack Obama a tenté de reprendre l'initiative en mettant en cause l'honnêteté de Mitt Romney, qui a réussi à relancer la course à la Maison-Blanche avec une performance meilleure que prévu.

«Quand je suis entré en scène, j'ai rencontré ce type plein d'allant qui prétendait être Mitt Romney. Mais ce ne pouvait être Mitt Romney parce que le vrai Mitt Romney a fait campagne à la grandeur du pays cette année en promettant 5000 milliards de dollars de baisses d'impôts pour les riches. Le type sur la scène a dit qu'il n'était pas au courant», a déclaré le président hier matin lors d'un rassemblement qui a réuni quelque 12 000 personnes à Denver.

David Axelrod, un des principaux stratèges de Barack Obama, a tapé sur le même clou lors d'une conférence téléphonique organisée en urgence. Tout en reconnaissant la vigueur de la performance de Mitt Romney, il a accusé ce dernier de «tromperies et dérobades en série» lors du débat, qui a été suivi par plus de 67 millions de téléspectateurs américains.

«Il est un maître de l'esquive», a-t-il ajouté en faisant référence aux changements de position présumés du candidat républicain sur ses projets en matière de fiscalité et de santé, entre autres.

Au début de l'après-midi, le camp de Barack Obama a été le premier à diffuser une publicité exploitant une déclaration de l'adversaire lors du débat de Denver. Dans ce message, le président reproche à Mitt Romney de ne pas avoir admis que son plan fiscal baisserait les impôts de 5000 milliards de dollars.

«Si on ne peut pas lui faire confiance ici, comment pouvons-nous lui faire confiance ici?», demande le narrateur de la pub tandis que défilent des images de la scène du débat de Denver et du Bureau ovale de la Maison-Blanche.

Rares sont les analystes ou les partisans de Barack Obama qui ont trouvé quelque chose de positif à dire sur sa performance de mercredi soir. «Où était Barack Obama?», s'est écrié l'animateur de MSNBC Chris Matthews après le débat. Il a notamment reproché au président d'avoir passé sous silence les controverses soulevées par les impôts de Mitt Romney, son bilan à la tête de la société d'investissement Bain Capital et ses propos méprisants sur les 47% d'Américains qui ne paient pas d'impôts.

Les conseillers de Barack Obama ont reconnu que le président avait paru éteint et fatigué pendant le débat. Mais ils précisent que sa décision de ne pas attaquer Mitt Romney directement ou avec trop de vigueur participait de sa volonté de paraître «présidentiel».

Cette stratégie n'a évidemment pas donné les résultats souhaités, et devrait être révisée en prévision des deux prochains débats présidentiels, qui auront lieu les 16 et 22 octobre prochains.

Les républicains jubilent

En attendant, les républicains jubilent. Selon plusieurs d'entre eux, la performance de Mitt Romney à Denver n'a pas seulement mis fin à la dérive de sa campagne, elle a également amélioré de façon significative ses chances de combler son retard sur Barack Obama et de le coiffer au fil d'arrivée.

«Mitt Romney a offert la meilleure performance par un candidat présidentiel républicain dans un débat en plus de deux décennies», a écrit le commentateur William Kristol dans l'hebdomadaire The Weekly Standard.

«Le débat de ce soir a changé la trajectoire de cette course», a pour sa part écrit sur Twitter Joe Scarborough, ancien représentant de Floride devenu animateur à MSNBC.

Quant à Mitt Romney, il a sollicité des dons auprès de ses partisans dans un courriel au titre optimiste, au lendemain du premier débat présidentiel: «La victoire est en vue».

Qui a gagné le débat?

Mitt Romney, haut la main, selon un sondage CNN publié une heure après l'affrontement. Voici les résultats de ce sondage.

Barack Obama 25%

Mitt Romney 67%

Touche pas à Big Bird



Pauvre Big Bird. S'il n'en tient qu'à Mitt Romney, l'oiseau géant de la célèbre émission Sesame Street tombera au chômage, une menace qui a provoqué une levée de boucliers dans les médias sociaux.

Interrogé mercredi soir sur sa stratégie pour réduire les déficits, le candidat a parlé de son intention de couper les vivres de PBS, chaîne publique sur laquelle est diffusée 1, rue Sésame. «J'aime PBS, j'aime Big Bird... mais je ne vais pas continuer à dépenser de l'argent pour ensuite emprunter à la Chine pour encore payer», a-t-il dit. Big Bird est aussitôt devenu l'un des sujets les plus populaires sur Twitter. Dans un communiqué diffusé hier, PBS s'est dite «très déçue» des propos de Mitt Romney.

Son budget représente un centième de 1% du budget fédéral.

PHOTO JASON REED, REUTERS

L'aspirant républicain à la Maison-Blanche Mitt Romney (à droite) a nettement remporté le premier débat présidentiel devant le sortant Barack Obama (à gauche), selon les observateurs politiques.