Assassiner les experts nucléaires de l'Iran, saboter ses raffineries de pétrole ou encore armer l'opposition syrienne: les candidats républicains à la Maison-Blanche prônent très publiquement la guerre secrète contre les ennemis de Washington.

Newt Gingrich, qui a pris tout récemment la tête des sondages à un mois de l'ouverture des primaires républicaines, s'est promis de recourir aux opérations clandestines pour obtenir «un changement de régime» à Téhéran, s'il bat Barack Obama en novembre 2012.

L'Iran «n'a qu'une seule grosse raffinerie. Je chercherais tous les jours le moyen de la saboter secrètement», a-t-il déclaré mercredi devant l'association pro-israélienne Republican Jewish Coalition, qui entendait plusieurs des candidats.

Face à la Syrie, l'ancien président de la Chambre des représentants a indiqué qu'une administration Gingrich aurait pour objectif de «remplacer» le président Bachar al-Assad et ferait «tout son possible, indirectement et en secret, mais sans envoyer de forces américaines, pour aider» l'opposition à y parvenir.

Devant le même auditoire, Mitt Romney, désormais numéro deux dans les sondages, a appelé à soutenir l'opposition iranienne.

«Nous devons agir à la fois ouvertement et en secret pour encourager les voix dissidentes. Un changement de régime va s'avérer nécessaire», a estimé l'ancien gouverneur du Massachusetts, considéré comme l'un des plus modérés des sept candidats à l'investiture républicaine encore en lice.

À propos de la Syrie, M. Romney a appelé à aider secrètement les déserteurs en lutte contre l'armée de Damas. «Le moment est venu de passer des sanctions aux actions secrètes à l'intérieur de la Syrie pour obtenir un changement de régime», a-t-il prôné.

Rick Santorum, en perdition dans les sondages, a estimé qu'une récente explosion sur un dépôt de missiles iranien était l'oeuvre de Washington et avertie qu'il poursuivrait dans cette voie s'il s'installe à la Maison-Blanche.

«Nous devons annoncer très clairement que nous agirons secrètement pour faire tout notre possible afin de stopper leur programme nucléaire. Cela signifie recourir à des activités clandestines comme celle qui a peut-être eu lieu dans le dépôt de missiles», a-t-il promis, avant de plaider pour des assassinats ciblés.

«Tout savant étranger travaillant en Iran pour le programme nucléaire sera considéré comme un combattant ennemi et sera promis, (...) tout comme Oussama ben Laden, à l' élimination», a lancé M. Santorum.

Outre la destruction du dépôt de missiles iranien, M. Santorum a estimé que l'administration Obama, qu'il accuse pourtant de mollesse à l'international, avait peut-être commencé à agir dans d'autres domaines.

«Des savants ont été retrouvés morts en Russie et en Iran. Il y a eu des virus informatiques (contre le programme nucléaire iranien). Il y a des problèmes dans ces installations. J'espère que les États-Unis sont impliqués», a-t-il dit.

Mais en prônant ouvertement la guerre secrète, les candidats à la présidence prennent le risque que de telles actions ne soient plus guère secrètes, déclare à l'AFP un ancien responsable de l'administration Bush.

«Les chances de réussite (de ces opérations) diminuent considérablement si on dit au monde entier qu'il s'agit d'un outil majeur de notre politique étrangère», relève cet ancien responsable qui a requis l'anonymat.

Selon lui, les candidats républicains feraient bien de toute façon de ne pas croire que la guerre secrète «est une sorte de potion magique qui résoudra tous les problèmes».

Les candidats républicains s'affronteront État par État lors de scrutins primaires qui vont s'ouvrir le 3 janvier dans l'Iowa et s'étaleront jusqu'à l'été.