Deux jours après le démantèlement de leur campement, les «indignés» de New York ont tenté de relancer leur mouvement hier à l'occasion d'une journée d'action marquée par de nombreux affrontements avec des policiers en matinée et par un rassemblement de plusieurs milliers de personnes en soirée.

La journée d'action avait été organisée pour souligner les deux mois du mouvement Occupy Wall Street, qui dénonce les banques, les grandes entreprises et leurs alliés politiques. L'«anniversaire», qui a donné lieu à des manifestations dans plusieurs autres villes américaines, aura cependant été moins une fête qu'un test pour un mouvement dont l'avenir semble incertain après l'évacuation de la place Zuccotti, où les tentes et les sacs de couchage sont désormais interdits.

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«Ils ont essayé de nous museler et de nous intimider, mais ils n'y parviendront pas», a déclaré Albert Larotunda, réparateur d'ordinateurs âgé de 53 ans et originaire du New Jersey. «Ce mouvement continuera ici et ailleurs dans le monde. Les gens ressentent le besoin de s'exprimer sur ce qui est bien et ce qui est mal», a-t-il ajouté. Albert Larotunda faisait partie des centaines de manifestants qui ont défilé peu avant 8h en direction de la Bourse de New York, en criant «Wall Street est fermée» ou «Occupons Wall Street, toute la journée, toute la semaine». Ceux-ci ne se sont cependant pas rendus à destination en raison de la présence massive de policiers casqués, dont certains ont utilisé leurs matraques pour repousser les protestataires.

Près de 200 personnes ont été arrêtées lors des échauffourées qui ont éclaté près de la Bourse et autour du parc Zuccotti, où des manifestants se sont regroupés après les affrontements initiaux avec les policiers. Cinq manifestants ont été accusés d'assaut. L'un d'eux s'est retrouvé avec le visage ensanglanté après avoir été cloué au sol par des policiers.

Au milieu de l'après-midi, le maire de New York Michael Bloomberg a laissé entendre que le mouvement avait donné des signes d'essoufflement en ne réussissant pas à mobiliser les milliers de manifestants que les organisateurs de la journée d'action avaient annoncés.

«La vraie histoire pour les journaux de demain, c'est qu'il n'y avait pas beaucoup de monde», a déclaré le maire lors d'une conférence de presse.

Les milliers de manifestants - des «indignés» soutenus par des membres de syndicats new-yorkais - ont fait leur apparition plus tard dans la journée. Vers 17h, ils étaient plus de 3000 rassemblés place Foley, selon le Daily News de New York. Plusieurs d'entre eux ont par la suite défilé sur le pont de Brooklyn, où au moins 80 manifestants ont été arrêtés après s'être assis au milieu de la chaussée.

Durant toute la journée, les manifestants ont dû composer non seulement avec des policiers fermes, voire agressifs, mais aussi avec des passants excédés.  L'un de ces passants, Adam Riback, s'est fait traiter de «sale nazi» par un manifestant.

«Moi, sale nazi? Mais je suis juif!», s'est-il exclamé.

«Ils n'ont aucune mission», a plus tard déclaré cet employé de Wall Street. «Même si le président des États-Unis venait leur demander ce qu'ils veulent, ils ne pourraient même pas lui répondre. Ils n'ont aucun programme.»