La cathédrale Saint-Paul à Londres, fermée depuis une semaine, a rouvert ses portes au public vendredi midi, au moment où la municipalité saisissait la justice pour obtenir l'évacuation des «indignés» qui campent devant l'édifice et sèment la zizanie dans l'Église anglicane.

La cathédrale baroque du XVIIe siècle, qui compte parmi les monuments les plus visités de la capitale britannique, avait été fermée au public le 21 octobre par ses responsables qui invoquaient des impératifs d'hygiène et de sécurité. Elle a été rouverte après que les manifestants anticapitalistes eurent changé l'agencement de leur campement.

La municipalité de Londres a annoncé que son comité de planification et des transports avait voté en faveur d'un recours aux tribunaux afin d'obtenir -au besoin en recourant à la force publique- que soient délogés les contestataires et leurs 200 tentes, implantés sur le parvis de l'édifice religieux depuis la mi-octobre.

«Le droit de manifestation est essentiel dans une démocratie, mais camper sur la voie publique n'est pas tolérable», a justifié vendredi le président du comité municipal, Michael Welbank.

Un porte-parole de Saint-Paul a pour sa part jugé le recours en justice «déplorable mais nécessaire», en espérant que des discussions avec les manifestants permettraient de déboucher sur une solution pacifique. Le doyen de Saint-Paul, le révérend Graeme Knowles, a indiqué qu'une prière serait dite pour les manifestants, au cours du premier office après réouverture.

L'Église anglicane est apparue chaque jour plus divisée sur la conduite à adopter face aux manifestants inspirés par le mouvement «Occupy Wall Street» à New York, qui ont établi leur camp de toile sur les marches de la cathédrale implantée au coeur de la City, le temple de la finance londonienne.

«Qu'aurait fait Jésus?», interrogent plusieurs banderoles déployées dans le camp de toile.

Jeudi, le chanoine Gilles Fraser, troisième dans la hiérarchie de Saint-Paul, avait remis sa démission en déclarant redouter une évacuation manu militari.

Vendredi, l'ancien archevêque de Cantorbéry Georges Carey a renvoyé dos à dos dans une tribune au Daily Telegraph les manifestants -«enfants gâtés» à la fois «cyniques et opportunistes»- et les responsables de la cathédrale, dont la valse-hésitation a conduit à «une débâcle» de nature à ternir la réputation de la chrétienté.

L'occupation a pris la dimension d'une affaire d'État quand le premier ministre David Cameron s'est dit vendredi «très inquiet» de la tournure des événements, depuis Perth, dans l'ouest de l'Australie, où il participait à un sommet du Commonwealth.

Il a critiqué la propension des manifestants «à planter leurs tentes là où bon leur semble», faisant allusion à l'occupation par des pacifistes d'un mini-square proche du Parlement et de l'abbaye de Westminster.

La fermeture de la cathédrale a été une décision lourde de symbole et de conséquences financières. Le manque à gagner pour l'édifice à l'entrée payante a été estimé à 16 000 livres (25 743$) par jour.