La justice américaine frappe les candidats au djihad, condamnant lundi à 25 ans de prison un Américain qui voulait rejoindre Al-Qaïda, et inculpant six jeunes gens du Minnesota qui de leur côté voulaient rejoindre le groupe État Islamique en Syrie.

À New York, la procureure fédérale Loretta Lynch a annoncé la condamnation à 25 ans de prison de Marcos Alonso Zea, un Américain de 26 ans qui avait tenté de rejoindre le Yémen en janvier 2012, et plus tard encouragé un complice à suivre le même chemin.

Marcos Alonso Zea, qui a plaidé coupable «est un rappel effrayant du danger que représentent pour les États-Unis les terroristes locaux», a déclaré Mme Lynch.

A Minneapolis (Minnesota), où se trouve la plus importante communauté d'origine somalienne des États-Unis, le procureur fédéral et le FBI ont annoncé l'arrestation et l'inculpation de six jeunes Américains d'origine somalienne, pour avoir tenté de rejoindre les rangs du groupe EI en Syrie.

Les six jeunes hommes âgés de 19 à 21 ans faisaient partie d'un groupe plus large surveillé par le FBI, dont l'un au moins a réussi à rejoindre la Syrie et fait désormais office «de facto de recruteur» et de «source d'inspiration» pour certains, a déploré le procureur fédéral du Minnesota, Andrew Luger.

Les États-Unis ne figurent pas parmi les pays gros pourvoyeurs de combattants étrangers pour les djihadistes. Mais ils les considèrent comme une menace potentielle très sérieuse, redoutant les actes terroristes qu'ils pourraient commettre sur le sol américain à leur retour du Moyen-Orient.

Le directeur du renseignement national, James Clapper, avait estimé en février qu'environ 180 Américains avaient s'étaient rendus ou avaient tenté de se rendre en Syrie, sur environ 3.400 combattants étrangers occidentaux repérés.

Risque de radicalisation 

«Nous avons un problème de recrutement (de djihadistes) dans le Minnesota», a déclaré lundi le procureur fédéral Andrew Luger.

«J'appelle tous ceux qui s'inquiètent» d'un risque de radicalisation d'un proche à «demander de l'aide dans la communauté», auprès «d'un ami de confiance, d'un conseiller, d'un professeur ou d'un responsable religieux», a-t-il lancé.

Dans les deux affaires de New York et Minneapolis, le FBI a surveillé durant des mois les principaux suspects.

Marcos Alonso Zea avait été intercepté à Londres en janvier 2012, alors qu'il était en transit pour le Yémen, en provenance de New York.

Renvoyé aux États-Unis et placé sous surveillance par le FBI, il avait ensuite encouragé un complice à rejoindre le djihad, avant d'être arrêté en octobre 2013, puis de plaider coupable de tentative de soutien à Al-Qaïda dans la péninsule arabique, et d'entrave à la justice.

A Minneapolis, le groupe des six jeunes hommes arrêtés dimanche était surveillé depuis une dizaine de mois par le FBI. La police fédérale avait déjà empêché quatre d'entre eux de s'envoler de l'aéroport JFK de New York en novembre 2014.

C'est un des membre du groupe qui est à l'origine de la procédure judiciaire. Collaborant avec le FBI, il a enregistré des conversations des suspects montrant leur volonté de partir, et proposé des faux passeports qui ont piégé les candidats au voyage.

Le mois dernier, un tribunal de New York avait examiné deux affaires du même type, concernant un ancien pilote de l'US Air Force qui voulait rejoindre le groupe EI, et trois ressortissants ouzbeks et kazakh qui voulaient rejoindre eux aussi l'EI.