Les États-Unis ont lancé mercredi des frappes aériennes pour aider les forces irakiennes à reprendre Tikrit au groupe État islamique, se retrouvant alliés de facto de l'Iran qui joue déjà un rôle clef de soutien à Bagdad dans la bataille.

Les États-Unis et leurs alliés de la coalition «fournissent frappes aériennes, renseignement aérien, conseil et assistance au quartier général des forces irakiennes, pour renforcer leurs capacités à battre l'EI» à Tikrit, a déclaré dans un communiqué le commandement américain dirigeant les frappes (CJTF).

Les opérations ont été lancées «à la demande du Premier ministre irakien Haider al-Abadi», précise le CJTF.

Selon une source militaire irakienne, la coalition a bombardé «quatre endroits» du centre de Tikrit, dans des opérations qui ont commencé après le coucher du soleil.

L'offensive irakienne sur Tikrit, qui a débuté le 2 mars, implique des milliers d'Irakiens, soldats, policiers et paramilitaires alliés aux forces gouvernementales, dont les «Unités de mobilisation populaire», groupe composé essentiellement de miliciens chiites soutenus par l'Iran.

Les Iraniens ont notamment fourni de l'artillerie et des conseillers à ces milices chiites.

L'offensive a permis de reconquérir des villes menant à la ville d'origine de Saddam Hussein, et d'encercler les quelques centaines de djihadistes toujours retranchés dans Tikrit.

Mais la reconquête de la ville elle-même s'est avérée plus difficile en raison des importants dispositifs défensifs mis en place par les djihadistes, dont un grand nombre d'engins explosifs disséminés dans les rues et les bâtiments.

L'opération a été suspendue depuis la semaine dernière, selon les Irakiens.

Les Américains justifiaient jusqu'à aujourd'hui leur non-implication dans la bataille de Tikrit par le fait que le gouvernement irakien ne leur avait pas fait de demande d'intervention.

Seul un des chefs militaires irakiens de l'offensive sur Tikrit, le général irakien Abdelwahab al-Saadi, s'était exprimé publiquement le 15 mars en faveur d'un soutien aérien de la coalition.

Les responsables américains ne cachaient pas qu'ils considéraient que l'Irak a fait une erreur en ne demandant pas de frappes de la coalition depuis le début de l'offensive, et en s'appuyant seulement sur l'aide iranienne.

«Les capacités militaires fiables, professionnelles, avancées sont des choses qui très clairement et très nettement appartiennent à la coalition» a souligné le colonel Warren dans la journée de mercredi.

Le rôle joué par Téhéran dans la bataille de Tikrit et l'importance sur le terrain du général iranien Ghassem Souleimani, qui dirige la Force al-Qods, une unité des Gardiens de la révolution iraniens sont perçus d'un mauvais oeil par Washington, alors que l'Iran ne fait pas partie de la coalition internationale anti-djihadistes.

Les Américains ont répété depuis le début de l'implication iranienne dans la bataille contre l'EI qu'ils ne se «coordonnaient pas» avec l'Iran, et que les Irakiens étaient leurs seuls interlocuteurs sur le terrain.

«Tout le monde sait qu'il y a un certain mouvement des forces iraniennes -à la fois dans et à l'extérieur du nord de l'Irak- qui sont engagées dans les combats depuis le tout début. Mais ce n'est pas coordonné. Nous ne nous coordonnons pas avec eux», avait expliqué début mars le secrétaire d'État John Kerry.

Les États-Unis menaient déjà des vols de reconnaissance près de Tikrit, avait indiqué mardi un haut responsable de la coalition internationale anti-djihadistes, confirmant pour la première fois une implication américaine dans cette offensive.

Les frappes entamées mercredi «sont destinées à détruire les bastions de l'EI avec précision, sauvant ainsi des vies irakiennes innocentes, tout en minimisant les dommages collatéraux aux infrastructures», a déclaré le général américain James Terry, qui dirige le CJTF.

«Pour être clair, la coalition se coordonne seulement avec le gouvernement irakien et les forces de sécurité irakiennes. Nous ne nous coordonnons pas nos opérations d'aucune façon avec l'Iran ou les milices soutenues par les Iraniens», a toutefois précisé le colonel Patrick Ryder, porte-parole du Centcom, le commandement américain de la région.