La coalition menée par les États-Unis a de nouveau frappé des positions du groupe État islamique (EI) en Syrie et Irak, avant le début de l'Assemblée générale de l'ONU qui sera dominée par la lutte contre l'enrôlement des djihadistes étrangers.

Des avions de la coalition ont visé dans la nuit de mardi à mercredi «des positions et des routes d'approvisionnement de l'EI» dans les environs de la ville kurde d'Aïn al-Arab (Kobané en kurde), complètement encerclée par le groupe extrémiste, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Les États-Unis ont mené cinq nouvelles frappes en Irak et en Syrie mercredi, mais Susan Rice, conseillère à la sécurité nationale de Barack Obama, n'a pas pu confirmer que le chef du groupe Khorassan avait été tué.

Le commandement américain chargé du Moyen-Orient et de l'Asie centrale (CENTCOM) a précisé que deux raids aériens ont été menés ces dernières heures à l'ouest de Bagdad, deux au sud-est d'Erbil et un cinquième au nord-ouest de la Syrie.

Plusieurs véhicules du groupe État islamique (EI), des positions de combat et une cache d'armes ont notamment été détruits alors que tous les appareils américains ont pu regagner leurs bases sans dommages.

Les États-Unis ont mené leurs premières frappes en Syrie dans la nuit de lundi à mardi et celles-ci ont eu «un impact important», a noté Susan Rice.

«Clairement, ce n'était que le début, une première vague et nous sommes très satisfaits de notre succès», a-t-elle dit lors d'une interview à la chaîne NBC.

Les bombardements américains en Syrie ont visé l'organisation EI, ainsi qu'une autre cellule moins connue d'islamistes radicaux, le groupe Khorassan, lié à la branche syrienne d'Al-Qaïda et qui selon Washington était sur le point de perpétrer des attentats en Occident. Mais Mme Rice n'a pas pu confirmer la mort du chef de cette dernière entité.

«Nous ne pouvons pas le confirmer pour le moment. Nous avons vu des témoignages sur les réseaux sociaux à ce propos, mais nous allons continuer à surveiller pour voir si c'est effectivement le cas», a-t-elle repris.

Ces nouveaux raids sont intervenus au lendemain d'une série de seize frappes conduites par Washington et ses alliés arabes, les premières sur le sol syrien depuis le début de la lutte contre l'EI.

Ces opérations ont été «très réussies», a assuré le Pentagone, en précisant qu'elles avaient été menées au moyen d'avions de chasse, de drones, de bombardiers et de 47 missiles Tomahawk.

Le président américain Barack Obama a salué «la force» de la coalition mise sur pied à son initiative pour «détruire» l'EI aussi bien en Irak qu'en Syrie, où ce groupe extrémiste sunnite contrôle de larges zones.

Cela «démontre clairement (...) qu'il ne s'agit pas simplement du combat de l'Amérique» et que «le monde est uni» contre la menace djihadiste, a souligné M. Obama.

La série de bombardements de mardi a été menée par les États-Unis et cinq «nations partenaires» arabes (Jordanie, Bahreïn, Qatar, Arabie saoudite, Émirats arabes unis), tandis que la France a déjà participé à des frappes en Irak.

Le président américain devrait lancer un appel à renforcer encore cette coalition en s'exprimant mercredi à l'ouverture de l'Assemblée générale des Nations unies à New York.

Le premier ministre britannique David Cameron a déclaré que son pays, qui a jusqu'à présent limité son implication dans le conflit à la livraison d'armes aux combattants kurdes, n'avait d'autre choix que lutter contre l'EI. Il pourrait donc envisager de participer aux bombardements, selon la presse britannique.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a pour sa part déclaré qu'Ankara pourrait fournir un soutien militaire ou logistique à l'opération. La Turquie avait refusé dans un premier temps de participer à la coalition.

Depuis le 8 août, les États-Unis ont mené un total de 198 frappes aériennes en Irak. Appuyés par leurs alliés de la coalition contre l'EI, ils ont aussi effectué 20 raids en Syrie.

Combattants de 74 pays

À New York, M. Obama présidera une réunion spéciale du Conseil de sécurité de l'ONU afin de faire adopter une résolution contraignante visant à endiguer le flux des «combattants terroristes étrangers», comme le qualifie le texte américain.

Quelque 12 000 combattants étrangers venus de 74 pays différents auraient rejoint les organisations extrémistes en Irak et en Syrie, ce qui représente la plus forte mobilisation étrangère depuis la guerre d'Afghanistan dans les années 1980, selon le Centre international d'Étude de la radicalisation, basé à Londres.

La majorité vient du Moyen-Orient (Arabie saoudite, Jordanie) et du Maghreb (Tunisie, Maroc), mais le nombre d'Européens est en hausse, à «environ 3000», selon le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme. Du nombre, au moins 130 seraient venus du Canada selon les estimations des autorités canadiennes.

Les frappes menées mardi en Syrie par les États-Unis ont particulièrement visé le «groupe Khorassan», dans la région d'Alep (nord), selon un porte-parole du Pentagone, John Kirby. Ce groupe jusqu'à présent peu connu s'apprêtait à lancer des «attaques majeures» contre des cibles occidentales et éventuellement aux États-Unis, a-t-il affirmé.

Selon l'OSDH, environ 120 djihadistes ont été tués dans les frappes de mardi, dont 70 de l'EI et 50 d'Al-Qaïda.

Un militant basé à Raqa, fief de l'EI en Syrie, a indiqué que les combattants djihadistes s'étaient «redéployés» pour éviter les frappes ciblant leurs positions.

Incertitude autour de l'otage français

Aucune information n'était disponible mercredi sur le sort d'un Français enlevé dimanche par le groupe djihadiste algérien «Jund al-Khilafa», qui soutient l'EI, dans une région montagneuse à l'est d'Alger.

Les ravisseurs ont menacé, dans une vidéo diffusée lundi soir «d'égorger dans les 24 heures» cet otage, Hervé Pierre Gourdel, un guide de 55 ans.

Le président français François Hollande a rejeté cet ultimatum et affirmé que la France poursuivrait ses opérations en Irak. «Nous ne cèderons à aucun chantage, aucune pression, aucun ultimatum, fut-il le plus odieux, le plus abject», a-t-il déclaré à New York.

Le groupe EI avait appelé lundi les musulmans à tuer de «n'importe quelle manière» les ressortissants de pays appartenant à la coalition internationale.

En Australie, un jeune homme de 18 ans soupçonné de «terrorisme» par les services de renseignement australiens a été abattu par les forces de l'ordre après avoir blessé deux policiers à coups de couteau.