L'acquittement de George Zimmerman pour le meurtre de Trayvon Martin continuait mardi de secouer les États-Unis, alors que les tensions restent vives dans plusieurs villes, notamment à Los Angeles, où la police a promis la tolérance zéro contre les manifestants.

Alors qu'une «Journée Trayvon Martin» sera organisée samedi, à l'initiative de dirigeants religieux, dans une centaine de ville des États-Unis, la police de Los Angeles a averti mardi qu'elle ne tolérerait plus les débordements, après des échauffourées et 22 arrestations depuis dimanche.

Les tensions sont vives aux États-Unis depuis qu'un jury a acquitté samedi en Floride le vigile de quartier George Zimmerman du meurtre de Trayvon Martin, un jeune Noir de 17 ans. L'accusé affirmait qu'il s'agissait d'un cas de légitime défense mais plusieurs voix ont dénoncé un crime raciste.

A Los Angeles, où la population a encore en mémoire les violentes émeutes de 1992, déclenchées par l'acquittement de policiers blancs qui avaient agressé un Afro-Américain, Rodney King, la police a affirmé qu'elle aurait désormais la main lourde avec les fauteurs de troubles.

Charlie Beck, le chef de la police de Los Angeles (LAPD), a notamment déclaré que ses agents ne laisseraient pas se reproduire les événements de lundi soir, pendant lesquels des manifestants ont sauté sur des voitures, saccagé des magasins et agressé des passants.

«Nous ne pouvons permettre qu'un petit groupe d'individus se livre non seulement à des saccages et sème la terreur, mais aussi sape le message porté par tant d'autres (personnes) dans la ville», a expliqué M. Beck.

La police a donné «une grande latitude» aux manifestants lundi pour qu'ils s'expriment librement. «Malheureusement, nous ne pourrons pas agir de la même manière ce soir (mardi), à cause des événements de la veille», dit-il.

Le maire fraîchement élu de Los Angeles, Eric Garcetti, a lui aussi prôné la tolérance zéro, estimant que les quelque 150 personnes qui manifestaient lundi soir «ont voulu profiter» de l'acquittement de George Zimmerman pour se livrer à des actes répréhensibles.

«Mort tragique et inutile»

Le pasteur Al Sharpton, fondateur de l'organisation pour les droits civiques des Noirs National Action Network, a pour sa part annoncé une «Journée Trayvon Martin», qui prendra samedi la forme de manifestations devant les palais de justice et les bâtiments fédéraux dans une centaine de villes des États-Unis.

«Dans tout le pays, les gens vont se réunir pour montrer qu'il ne s'agit pas d'une simple poussée de colère qui va durer deux ou trois jours», a lancé le responsable, flanqué d'une dizaine d'autres dirigeants religieux noirs.

M. Sharpton a aussi indiqué que des «dizaines de milliers» de personnes convergeraient le samedi 24 août à Washington pour une manifestation, quatre jours avant le 50e anniversaire de la marche historique menée par le militant des droits civiques et prix Nobel de la Paix Martin Luther King.

M. Sharpton a également indiqué faire campagne pour que le ministère de la Justice rouvre une enquête sur l'affaire pour violation des droits civiques.

Le ministre de la Justice Eric Holder, qui avait évoqué lundi la «mort tragique et inutile» du jeune homme, n'avait néanmoins annoncé aucune mesure.

Mardi, il a en revanche ouvertement critiqué les lois comme celle sur la légitime défense en Floride, «qui créent les conflits dans nos quartiers».

Le ministre fait ainsi référence à une loi sur la légitime défense votée en 2005 en Floride, adoptée depuis par une trentaine d'autres États, qui autorise la légitime défense dès qu'une personne, où qu'elle soit -- et pas uniquement chez elle -- se sent menacée.

Si elle n'a pas été directement utilisée lors du procès de George Zimmerman, cette loi fait néanmoins l'objet de sévères critiques depuis son acquittement.

M. Holder a affirmé qu'il était «temps de remettre en cause ces lois qui étendent de manière stupide le champ de la légitime défense et créent les conflits dans nos quartiers».

«Ces lois tentent de réparer quelque chose qui n'a jamais été cassé», a poursuivi le ministre, «il y a toujours eu la possibilité de se défendre légalement quand on riposte et tue, si -- et le "si" est important -- il n'est pas possible de se sauver en toute sécurité».

Photo: AFP

Al Sharpton après son discours à Washington, mardi.