Barack Obama n'interviendra pas dans l'enquête fédérale sur l'affaire Trayvon Martin, a annoncé lundi la Maison-Blanche au surlendemain de l'acquittement par un jury en Floride de George Zimmerman, tueur du jeune Noir en 2012.

«Il s'agit d'une décision prise par le ministère de la Justice, par des procureurs expérimentés», a déclaré le porte-parole de la présidence américaine, Jay Carney.

«Ce n'est pas un dossier dans lequel le président s'implique», a-t-il ajouté lors de son point de presse quotidien.

Trayvon Martin, 17 ans, a été tué en février 2012 par George Zimmerman, 29 ans. Ce dernier a été innocenté samedi du meurtre par un jury de six femmes (dont cinq blanches et une d'origine hispanique ou afro-méricaine) au terme d'un procès intenté par l'État de Floride. La défense de l'accusé avait plaidé la légitime défense.

L'affaire a suscité une émotion considérable aux États-Unis, les associations de défense des droits civiques estimant que l'adolescent a été victime d'un délit de faciès.

Un mois après le meurtre du jeune homme, en mars 2012, M. Obama était sorti de sa réserve en déclarant : «Si j'avais un fils, il ressemblerait à Trayvon».

Dimanche, le président a publié un rare communiqué sur une décision de justice, appelant au calme.

Il a affirmé que la mort de Martin constituait une «tragédie, non seulement pour sa famille, non seulement pour une communauté, mais pour l'Amérique» et demandé aux Américains d'«élargir le cercle de la compassion et de la compréhension».

Également dimanche, le ministère de la Justice a rappelé qu'une enquête était ouverte depuis l'an dernier sur l'affaire, pour décider d'éventuelles poursuites au niveau fédéral contre George Zimmerman dans le cadre des lois condamnant les violences commises en raison de la race ou de l'ethnicité de la victime, entre autres.

Cette enquête a été réactivée après le verdict de Floride.

«Quelle que soit la détermination juridique qui sera faite, j'estime que cette tragédie est une nouvelle occasion pour notre pays de parler honnêtement des questions compliquées et marquées par l'émotion soulevées par cette affaire», a déclaré Eric Holder, le ministre de la Justice, lundi, sans s'exprimer sur le fond de l'affaire. «Nous ne devons pas, comme nous l'avons trop souvent fait dans le passé, laisser passer cette occasion».

Mais pour pouvoir engager des poursuites, le département de la Justice devra prouver que George Zimmerman était motivé par «l'animosité» raciale quand il a tiré sur Trayvon Martin, un seuil difficile à atteindre.

Les procureurs de Floride ont eux-mêmes choisi de ne pas utiliser l'argument raciste durant le procès.