Le champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius, qui a tué sa petite amie par balle en 2013, a officiellement saisi lundi la Cour constitutionnelle, la plus haute juridiction du pays, pour contester sa condamnation en appel pour meurtre, a indiqué à l'AFP son avocat.

«Nous avons déposé une demande de saisine de la Cour constitutionnelle», a déclaré à l'AFP Andrew Fawcett, un des avocats de l'ancien sprinteur.

«La demande de saisine a été remise au parquet, qui doit indiquer s'il la conteste, et si oui, sur quelle base, et ensuite nous attendons de savoir si la Cour constitutionnelle jugera notre appel recevable», a-t-il ajouté.

En première instance, Pistorius, amputé des deux jambes, a été reconnu coupable d'«homicide involontaire» et condamné à cinq ans de prison en 2014. Mais la Cour d'appel suprême a requalifié en décembre 2015 le crime de Pistorius en «meurtre», passible d'au moins 15 ans de prison. Sa peine n'a pas encore été fixée.

Pistorius avait abattu, chez lui à Pretoria, sa petite amie Reeva Steenkamp dans la nuit du 13 au 14 février 2013. Il a toujours plaidé la méprise: il dit avoir tiré sur la porte des toilettes fermée à clé, persuadé qu'un cambrioleur s'y était introduit.

Dans ses arguments déposés lundi et obtenus par l'AFP, la défense de Pistorius avance notamment que la Cour suprême d'appel «a outrepassé sa juridiction»: elle a agi «illégalement et de façon anticonstitutionnelle en rejetant les éléments de preuve acceptés» par la Haute Cour en première instance et en «les remplaçant par ses propres éléments de preuve».

«Si la Cour suprême d'appel s'en était tenue aux éléments de preuve du tribunal de première instance (ce que je soutiens qu'elle aurait dû faire), elle aurait nécessairement conclu (...) qu'aucune condamnation pour meurtre ne pouvait être prononcée», affirme Andrew Fawcett.

Pistorius «perd son temps» en saisissant la Cour constitutionnelle, a estimé lundi un avocat spécialisé dans les affaires criminelles, Tyron Maseko. «Il n'a aucune chance de l'emporter», a-t-il affirmé à l'AFP.

«Si jamais il gagnait, j'en conclurais qu'il n'y a pas de justice dans ce pays», a-t-il ajouté.

Lors de son verdict en décembre, la Cour suprême d'appel avait dénoncé les erreurs «fondamentales» commises par la juge de première instance. En tirant quatre balles de gros calibre à hauteur d'homme dans la porte d'un étroit cabinet de toilette, Pistorius ne pouvait pas ignorer qu'il risquait de tuer, selon la Cour suprême d'appel.

Aidé par un physique avantageux, le jeune homme était devenu une icône du sport mondial à l'occasion des Jeux olympiques de Londres en 2012, où il s'était aligné avec les valides sur 400 mètres. Il avait atteint les demi-finales.

L'ancien héros des stades, âgé de 29 ans, est actuellement assigné à résidence chez son oncle Arnold Pistorius à Pretoria, après avoir purgé derrière les barreaux un cinquième de sa peine de cinq ans de prison. Il est soumis à un contrôle électronique et a remis son passeport aux autorités sud-africaines.

Ces derniers mois, ses avocats avaient affirmé que, ruiné par la longue procédure judiciaire, leur client n'avait plus les moyens de poursuivre la bataille. Il n'était pas clair dans l'immédiat s'ils travaillaient désormais à titre bénévole.