La journaliste et écrivaine française Tristane Banon, qui accuse Dominique Strauss-Kahn d'avoir tenté de la violer en 2003 dans un appartement parisien, était entendue lundi matin par la police, qui cherche à vérifier la solidité de son témoignage.

Tristane Banon, 32 ans, était entendue par les enquêteurs de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris après sa plainte pour tentative de viol, a-t-on précisé.

Cette audition intervient alors que l'enquête engagée aux États-Unis contre l'ancien directeur du FMI, après les accusations de la femme de chambre qui accuse DSK de l'avoir violée le 14 mai, a été fragilisée par des doutes quant à la crédibilité de la plaignante.

Mais le procureur de Manhattan a, pour l'instant, décidé de maintenir les poursuites. Et l'affaire a glissé, durant le week-end, sur un terrain plus politique avec l'appel de personnalités de la communauté noire en faveur d'un procès de DSK. Une nouvelle audience est programmée le 18 juillet.

En France, Tristane Banon accuse l'ancien patron du Fonds monétaire international (FMI) d'avoir tenté de la violer en février 2003 dans un appartement du centre de Paris lors d'une rencontre pour un entretien réalisé dans le cadre de son livre Erreurs avouées (au masculin).

Pour DSK, la scène que Tristane Banon a racontée lors d'une émission télévisée en 2007, puis dans un entretien au site internet AgoraVox en 2008, est «imaginaire». Ses avocats ont prévenu qu'une procédure pour dénonciation calomnieuse serait engagée quand ils auront pris connaissance de la plainte.

«L'entretien s'est déroulé normalement et, à son issue, j'ai passé un coup de fil à Michel Field (un animateur connu de la télévision, ndlr) afin qu'il lui accorde à son tour une interview. Quand j'ai appris qu'elle m'accusait d'agression, j'ai été stupéfait», répondait en mars DSK à son biographe, Michel Taubmann.

«Je n'en peux plus d'entendre dire que je suis une menteuse»

Selon l'avocat de Tristane Banon, David Koubbi, la plainte repose toutefois sur des éléments matériels et ne se résumera pas à un «parole contre parole». «De nombreuses personnes se tiennent à la disposition de la justice pour témoigner», a ajouté l'avocat.

Si cette enquête se révèle concluante, le parquet de Paris pourra décider de confier l'affaire à un juge d'instruction, qui pourrait inculper l'ex-directeur du FMI.

D'autres personnes pourraient être entendues dans le cadre de cette enquête, notamment dans l'entourage de l'écrivaine.

Passible de 15 ans de réclusion, la tentative de viol est un crime prescrit au bout de dix ans. L'agression sexuelle est en revanche un délit, prescrit trois ans après les faits. Le temps écoulé interdisait donc à la jeune femme de porter plainte aujourd'hui pour agression sexuelle et une éventuelle requalification des faits empêcherait toute poursuite.

Dans un entretien à l'Express, Tristane Banon, avait expliqué pourquoi elle avait attendu plus de huit ans après les faits qui, selon Me Koubbi, datent de février 2003: «Je n'en peux plus d'entendre dire que je suis une menteuse du fait que je ne porte pas plainte».

Et elle avait livré quelques détails sur l'agression qu'elle dit avoir subie.

«Il y a huit ans, quand j'évoquais l'idée d'une plainte, tout le monde me faisait comprendre que cela n'aboutirait jamais», a poursuivi la jeune femme.

Cette procédure, qui s'ajoute à celle ouverte aux États unis, complique encore la donne pour Dominique Strauss-Kahn, qui partait largement favori de l'élection présidentielle de 2012 (sans même avoir posé sa candidature), avant son arrestation à New York à la mi-mai. Un temps souhaité par ses amis, un retour en politique n'est plus guère évoqué ces jours-ci.