Le parquet de Paris a ouvert vendredi une enquête préliminaire après la plainte de la journaliste et écrivain Tristane Banon, qui accuse Dominique Strauss-Kahn d'avoir tenté de la violer en 2003 dans un appartement parisien.

La décision d'ouvrir une enquête est «tout à fait conforme» aux attentes de Tristane Banon, a réagi son avocat, Me David Koubbi, auprès de l'AFPTV.

L'enquête, qui vise à vérifier les allégations de la jeune femme, a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), a-t-on appris de source judiciaire. Tristane Banon peut être entendue à tout moment dans cette enquête, qui n'est soumise à aucun délai.

À l'issue de ces investigations, le parquet pourra décider de classer l'affaire sans suite ou d'ouvrir une information judiciaire, laissant le soin à un juge d'instruction de mener les investigations.

La plainte pour «tentative de viol» de Mme Banon avait été adressée mardi au parquet de Paris. Elle concerne des faits qui remonteraient à février 2003, lors d'une rencontre entre DSK et la journaliste dans un appartement du centre de Paris, pour un entretien réalisé dans le cadre de son livre «Erreurs avouées (au masculin)».

Pour DSK, la scène que Tristane Banon a racontée lors d'une émission télévisée en 2007, puis dans un entretien au site internet AgoraVox en 2008, est «imaginaire». Ses avocats ont prévenu qu'une procédure pour dénonciation calomnieuse serait engagée quand ils auront pris connaissance de la plainte.

Selon Me Koubbi, la plainte repose sur des éléments matériels et ne se résumera pas à une «parole contre parole». «De nombreuses personnes se tiennent à la disposition de la justice pour témoigner», a ajouté l'avocat.

Passible de 15 ans de réclusion, la tentative de viol est un crime prescrit au bout de 10 ans. L'agression sexuelle est en revanche un délit, prescrit trois ans après les faits. Le temps écoulé interdit donc à la jeune femme de porter plainte aujourd'hui pour agression sexuelle.

«Dans la tentative de viol, il y a forcément une tentative de pénétration. Dans l'agression sexuelle, ce n'est pas le cas», explique Me Claude Katz, avocat au barreau de Paris, pour qui les deux qualifications sont néanmoins «souvent difficiles à distinguer».

«A-t-il tenté une pénétration? Huit ans après les faits, cette question sera difficile à trancher», estime l'avocat, auteur d'un livre sur le harcèlement sexuel, pour qui tant la plainte de la jeune femme que la procédure en dénonciation calomnieuse auront du mal à aboutir.

La décision du parquet de Paris intervient alors que l'enquête engagée aux États-Unis contre l'ancien directeur du FMI, après les accusations de la femme de chambre qui l'accuse de l'avoir violée le 14 mai, a été fragilisée par des doutes quant à la crédibilité de la plaignante.

Selon le New York Times, deux employées du Sofitel de Manhattan ont affirmé à la police avoir été invitées, séparément, par l'ex-patron du FMI à venir dans sa suite, ce qu'elles ont refusé de faire, la nuit précédant son arrestation.

Le journal ajoute qu'outre ces employées, une caméra vidéo a filmé cette même nuit l'ancien patron du FMI «monter dans un ascenseur vers 1h20 avec une femme qui ne travaillait pas à l'hôtel».

Mercredi, le bureau du procureur Cyrus Vance a indiqué à l'issue d'une réunion avec les avocats de l'ex-patron du FMI que l'enquête se poursuivait et que les charges étaient maintenues.