Le lancement en fin de semaine de quatre missiles à courte portée par Pyongyang le confirme: les tensions sont encore vives entre les deux Corées.

Depuis la fin des exercices militaires conjoints de la Corée du Sud et des États-Unis, qui s'étaient déroulés sur plus de deux mois, la tension avait baissé d'un cran dans la région. Mais voilà que ces nouveaux tirs au large de la côte est du pays, trois samedis et un dimanche, refroidissent les ardeurs de ceux qui croyaient une sortie de crise imminente.

Ces manoeuvres surviennent alors qu'une tentative de démarche diplomatique a été lancée.

Le chercheur Benoît Hardy-Chartrand, de la Chaire Raoul-Dandurand de l'UQAM, a migré vers Tokyo il y a deux semaines pour suivre l'évolution du conflit de plus près.

«On avait l'impression que la situation était propice à un certain rapprochement. Même Pyongyang et Washington avaient démontré une certaine ouverture envers un possible retour à la table des négociations», a-t-il indiqué en entrevue à La Presse Canadienne.

Bien qu'il s'agisse de missiles de courte portée ne menaçant pas directement le Japon et les bases américaines de la région, il n'en demeure pas moins que le geste se veut une provocation de la part du régime de Kim Jong-un, notamment en raison de l'historique de tensions des derniers mois.

Pyongyang a menacé sur une base quasi quotidienne, plus tôt cette année, de s'attaquer à son voisin du sud et aux États-Unis.

Pour M. Hardy-Chartrand, aucune sortie de crise ne pointe à l'horizon. Il y a certes eu récemment des espoirs de résolution de conflit, mais les conditions imposées par chacune des parties pour un retour à la table des négociations étaient «complètement inacceptables» pour son opposant, rappelle-t-il.

«Même s'il y a eu une ouverture la semaine dernière, on n'était pas nécessairement près d'un rapprochement réel.»

M. Hardy-Chartrand s'attend donc à ce que les pays avoisinants réagissent aux événements du week-end - du moins dans la rhétorique.

N'empêche, dans la capitale nippone, d'où M. Hardy-Chartrand observe le conflit, c'est «business as usual», pour reprendre ses mots.

Les disputes avec la Corée du Nord sont courantes, et les habitants s'y sont habitués à Tokyo comme à Séoul.

Les alliés

Pour l'heure, la Chine continue d'appuyer la Corée du Nord, parce qu'elle n'a pas intérêt à ce que ce pays s'effondre, mais M. Hardy-Chartrand a remarqué chez le géant asiatique une volonté de prendre ses distances face à Pyongyang.

À son avis, la Chine est exaspérée non seulement par l'essai nucléaire réalisé par Pyongyang, mais également par sa «rhétorique belliqueuse» qui augmente les tensions dans la région.

«Ça irrite la Chine parce qu'elle veut éviter toute instabilité à ses frontières. Elle n'aime pas ce genre de comportements et elle l'a fait savoir très clairement au régime de Kim Jong-un», explique-t-il.