Bradley Manning, le jeune soldat américain accusé d'avoir été la «taupe» de WikiLeaks, comparaît vendredi pour la première fois devant la justice militaire depuis le scandale des fuites de câbles diplomatiques qui avait ébranlé la diplomatie américaine.

Incarcéré depuis 18 mois, le soldat Manning, dont le sourire juvénile a fait le tour du monde, doit apparaître devant un tribunal militaire à Fort Meade, dans le Maryland, pour une audience préliminaire.

Le jeune homme, dont le 24e anniversaire tombe samedi, est accusé d'avoir fourni à WikiLeaks, qui les a ensuite rendus publics, des dizaines de milliers de documents militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan, et de câbles diplomatiques du département d'Etat.

Première étape avant la cour martiale, cette audience préliminaire est «similaire à un grand jury civil, avec des droits supplémentaires pour l'accusé», a dit l'armée de terre.

Si la justice militaire décide d'aller en cour martiale, Manning risque la prison à vie. Le procès ne devrait pas se tenir avant le printemps.

Le simple soldat est accusé en particulier de «collusion avec l'ennemi», «diffusion de renseignements militaires», «publication sur internet de renseignements en sachant qu'ils seront accessibles à l'ennemi» ainsi que «fraude et violation du règlement militaire», selon l'armée.

La défense a soumis une liste d'une cinquantaine de témoins, mais, avant que le tribunal militaire ne tranche, le gouvernement s'y est opposé dans sa quasi-intégralité.

Parmi ces témoins, la secrétaire d'État Hillary Clinton, l'ancien chef du Pentagone Robert Gates et le président Barack Obama en personne pour une déclaration dans laquelle il affirmait que Manning avait «enfreint la loi». Mais leur présence à Fort Meade est très improbable.

La question de l'impact pour la sécurité nationale américaine des documents livrés sera également abordée à l'audience, de nombreux soutiens de Manning mettant en doute leur importance.

Autre sujet de polémique, les conditions de détention de Bradley Manning lorsqu'il était incarcéré à la prison de Quantico, près de Washington, seront sans doute aussi soulevées par la défense. Le jeune soldat s'était plaint d'un isolement total, de brimades et d'un régime ultrarestrictif.