Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a protesté jeudi contre la détention du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, et a manifesté sa solidarité avec le site qui a diffusé des milliers de documents secrets de la diplomatie américaine.

Lula a dit exprimer à WikiLeaks «(sa) solidarité pour la divulgation des documents et protester contre (l'atteinte) à la liberté d'expression», au cours d'un événement à Brasilia.

Julian Assange «a mis à nu une diplomatie qui paraissait intouchable», a-t-il souligné en faisant allusion aux nombreux câbles qui dévoilent les coulisses de la diplomatie mondiale.

«On peut poster sur le blogue du Planalto la première protestation», a ajouté le président qui doit quitter le pouvoir le 1er janvier.

Julian Assange a été arrêté mardi en Grande-Bretagne, sous mandat d'arrêt européen pour des agressions sexuelles en Suède remontant au mois d'août.

WikiLeaks a commencé le 28 novembre la publication de 250 000 documents confidentiels du Département d'État américain qui a mis dans l'embarras les États-Unis et de nombreuses capitales dans le monde.

En dépit de la détention de son fondateur, WikiLeaks a continué à publier jeudi les télégrammes diplomatiques américains, alors que les hackers ayant pris fait et cause pour Julian Assange ont accru leurs cyber-attaques contre «les adversaires de WikiLeaks».

Pour Lula, «le coupable n'est pas celui qui divulgue (les télégrammes) mais celui qui les écrit. Il faut accuser ceux qui ont écrit ces bêtises».

La semaine dernière, Lula avait minimisé l'affaire en affirmant que les documents concernant le Brésil étaient «de si peu d'importance qu'ils ne méritaient pas d'être pris au sérieux» et avait ironisé sur «les bêtises» commises par la diplomatie américaine.

Parmi les télégrammes divulgués, plusieurs faisaient référence à la préoccupation des diplomates américains sur la résistance du Brésil à adopter des mesures anti-terroristes, ainsi que sur la sécurité du Mondial de football en 2014 et des Jeux olympiques en 2016.

Trois câbles envoyés par l'ambassade américaine à Brasilia faisaient référence au refus du Brésil d'accueillir des détenus de la prison de Guantanamo. D'autres mentionnaient aussi l'appel d'offres lancé par le Brésil pour acheter 36 avions de chasse de nouvelle génération dont le Rafale français était le favori face au F18 de l'américain Boeing.

Il a conseillé par ailleurs à la présidente brésilienne élue Dilma Rousseff de parler avec son ministre des Affaires étrangères: «S'ils (les ambassadeurs) n'ont rien à dire, qu'ils n'écrivent pas de bêtises. Qu'ils envoient des messages en blanc».