Larmes de joie à gauche, larmes de tristesse à droite. La victoire de François Hollande a suscité, hier, des réactions contrastées chez les expatriés français.

«Je suis aux anges.» Tout sourire, Thomas Dumoulin, un sympathisant du Parti socialiste (PS), avait peine à croire hier que pour la première fois depuis 1988, ses compatriotes ont élu un président de gauche. «Ça change tout», croit le jeune homme de 32 ans.

Plus de 250 personnes se sont réunies hier au Petit Medley, à Montréal, à l'invitation du PS.

Tous savaient déjà l'issue du scrutin, mais à 14h, l'apparition de François Hollande sur les écrans de télévision a tout de même créé une onde de joie.

Les yeux baignés de larmes, un homme s'est penché vers sa femme et l'a longuement embrassée. «Je le sais depuis au moins quatre heures, mais je suis ému», a-t-il dit, fébrile.

«C'est un peu de consolation dans un monde de brutes», croit Charlotte, 28 ans, elle aussi émue.

Aux côtés de la jeune femme, Antonio, un Espagnol, rêve que les voisins de la France l'imitent. «C'est un espoir pour toute l'Europe», selon lui.

Les Français de Montréal ont le coeur à gauche: ils ont voté à 57,4% en faveur de François Hollande, hier.

À la crêperie Les Tontons flingueurs, les sympathisants de Nicolas Sarkozy n'ont pas traîné après l'annonce de la défaite du président sortant. Autour d'une table, plusieurs jeunes militants avaient la mine basse.

Mocassins, foulard noué autour du cou, Thibault Duval admettait une certaine tristesse. «Mais on nous avait annoncé la grande débâcle, et c'est pas le cas du tout», a-t-il commenté.

«Je suis déçu pour la France, a dit Pierre Chaigneau, 30 ans. On a l'impression que l'élection a été déterminée par un match de personnalités, et pourtant, il y a de grosses implications pour le pays et pour le monde.»

Mais il y aura un troisième tour: les élections législatives, qui détermineront en juin la composition du prochain gouvernement.

«Rien n'est perdu. On va se mobiliser, et on peut avoir une majorité de droite ou de centre droit à l'Assemblée nationale», a affirmé le délégué de l'UMP au Québec, François Lubrina.

Après la défaite de Nicolas Sarkozy, l'UMP passera en mode «reconstruction», croient les militants.

En Amérique du Nord, deux candidats de droite s'affronteront pour le siège de député: le dissident Julien Balkany et le candidat officiel de l'UMP, Frédéric Lefebvre.

Au Parti socialiste, qui a dominé le scrutin présidentiel des Français du Canada, on espère profiter de cette division.

«La dynamique est enclenchée», selon Yan Chantrel, le représentant de François Hollande à Montréal.