Le président français Nicolas Sarkozy, candidat à sa succession, a été chahuté jeudi au cours d'un déplacement à Bayonne, dans le Pays basque français, provoquant une poussée de fièvre politique à 52 jours du premier tour de l'élection présidentielle.    

Dès son arrivée jeudi après-midi dans le centre-ville de Bayonne (sud-ouest), le président candidat a été hué par plusieurs centaines de militants qui l'ont accueilli aux cris de «Sarko président des riches!», «Sarkozy dégage!», couvrant largement les «Sarkozy président» de partisans du chef de l'État, en moins grand nombre.

M. Sarkozy s'est très difficilement frayé un passage dans les rues étroites du centre historique jusqu'au bar où il était attendu pour une réunion, sous une pluie de tracts de Batera, un collectif réclamant un statut spécial pour le Pays basque.

M. Sarkozy a alors pénétré dans le bar, devenu la cible de jeunes hostiles au chef de l'État qui ont lancé des oeufs en sa direction.

Une foule compacte s'est formée devant l'établissement et des forces de police ont été appelées en renfort pour permettre au président français d'en sortir, une heure plus tard.

Des militants socialistes, dont certains brandissaient le programme du candidat de leur parti, François Hollande, étaient aussi présents, sans participer à ces débordements.

À l'intérieur du café, le président a dénoncé devant les journalistes qui l'entouraient «la violence d'une minorité et leur comportement inadmissible», et regretté que «des militants socialistes s'allient avec des indépendantistes basques».

«Hollande a annoncé l'épuration, forcément, ça échauffe les esprits des gens de la base», a ajouté M. Sarkozy.

Le candidat socialiste a récemment accusé Nicolas Sarkozy d'avoir mis en place «un système» à son profit politique dans la police et la justice, et déclaré que les hauts fonctionnaires liés à ce système «auraient forcément à laisser la place à d'autres» s'il était élu à l'Élysée.

Le président français, attendu dans la soirée à Bruxelles pour un sommet européen, a aussi évoqué des «comportements de voyous».

«Ici, nous sommes en France, sur le territoire de la République française, et le président de la République ira partout sur le territoire», a-t-il ajouté. «Et si ça ne plaît pas à une minorité de voyous, ils devront s'y faire», a-t-il mis en garde.

Sa porte-parole, Nathalie Kosciusko-Morizet, a de son côté accusé les socialistes d'avoir organisé des «manifestations de rue» contre le président candidat, et le secrétaire général de l'UMP, le parti présidentiel, Jean-François Copé, a demandé à M. Hollande de «condamner» ces débordements.

Le directeur de communication de François Hollande, Manuel Valls, a répondu en condamnant «toute forme de violence», en assurant qu'«aucun militant socialiste» n'était impliqué dans les incidents survenus à Bayonne.

Une porte-parole a assuré que le PS ne «cautionnait aucune violence» et demandé à l'équipe de Nicolas Sarkozy de ne pas «chercher à cacher son désarroi en manipulant la réalité».