Le premier ministre sortant Nouri al-Maliki pourrait avoir fait lundi un pas important vers sa reconduction à la tête de l'Irak en obtenant un nouveau décompte des voix à Bagdad, où il estime avoir été victime de «manipulations» en faveur de ses adversaires.

Mené de deux sièges au niveau national par son rival laïc Iyad Allawi à l'issue des élections législatives du 7 mars, il espère inverser ce résultat grâce à un nouveau décompte dans la plus grande circonscription du pays où 70 sièges sont à pourvoir.

Sa coalition, l'Alliance de l'État de droit (AED), avait recueilli dans la capitale 26 sièges contre 24 au Bloc irakien de M. Allawi, ex-premier ministre laïc, 17 à l'Alliance Nationale Irakienne (ANI) qui regroupent deux formations chiites conservatrices et un pour le Front de la Concorde (sunnite). Les deux derniers sièges reviennent à des minorités religieuses.

«Le département juridique de la commission a décidé un (nouveau) décompte des voix à Bagdad dans les 11 000 bureaux ainsi que les votes spéciaux (militaires, malades dans les hôpitaux) sous la supervision d'observateurs des partis politiques et des médias», a déclaré Hamdiya al-Husseini, responsable à la commission électorale.

«Il s'agira d'un décompte manuel», a précisé pour sa part Iyad al-Kilani, un autre responsable de la commission. Le premier décompte a été effectué avec un logiciel mis en place par l'ONU.

Au niveau national, M. Allawi a obtenu 91 sièges, contre 89 au chef du gouvernement sortant, 70 à l'ANI et 43 à l'Alliance kurde. M. Maliki avait contesté ces résultats et demandé un décompte manuel dans cinq provinces, n'obtenant gain de cause que pour la capitale.

Les résultats définitifs seront considérés comme officiels après leur validation par la Cour suprême, à la suite de l'examen de l'ensemble des contestations.

«Lors d'une session lundi qui a duré quatre heures, le département juridique de la commission électorale a décidé de recompter les voix à Bagdad au vu des documents et des preuves que nous avons fournis et qui montrent des manipulations dans certains bureaux de vote, notamment sur les signatures des assesseurs, les comptages des bulletins», a affirmé à l'AFP le député et dirigeant de l'AED, Hassan al-Sined.

«Nous avons oeuvré depuis le début pour la transparence et pour nous assurer qu'il n'y a pas eu de manipulations, a-t-il ajouté. Nous comptons avoir plus de sièges sans savoir combien». Il a précisé que ce décompte manuel «ne devrait pas prendre plus de dix jours».

Aucune réaction n'a pu être obtenue de la part du Bloc Irakien. Cette coalition avait le plein des voix dans les régions sunnites du nord et de l'ouest du pays qui avaient voté massivement cette année.

Le 11 avril, la liste de M. Maliki s'était dite lésée de 750 000 voix en raison de «manipulations» lors du dépouillement dans cinq provinces. Le porte-parole de l'AED avait alors dit que des plaintes avaient été présentées à une instance judiciaire spéciale chargée de traiter ces requêtes.

Le ministre du Pétrole et allié de M. Maliki, Hussein Chahristani, avait montré des documents présentés comme des «preuves» aux journalistes, notamment des documents remplis dans les centres de votes et ne portant la signature que d'un seul assesseur.

Selon la Constitution, la priorité revient à la liste arrivée en tête du scrutin législatif pour tenter de former une coalition gouvernementale.

Mais plus d'un mois après les élections, les négociations entre les différents blocs ont révélé des divergences profondes.

Une tentative de fusionner les deux listes majoritairement chiites, l'AED et l'ANI, a pour le moment échoué. L'ANI refuse la reconduction de M. Maliki comme premier ministre pour quatre ans, le jugeant trop autoritaire et lui reprochant d'avoir accaparé le pouvoir.