Six chiites convoitent le poste de premier ministre et leurs ambitions risquent de rendre difficile la formation du gouvernement après les législatives du 7 mars en Irak.

- Le premier ministre Nouri al-Maliki, 60 ans, fait cavalier seul avec son Alliance pour l'État de droit vainqueur du scrutin provincial de 2009. Chef du parti religieux Dawa, revenu en Irak en 2003 après un exil en Iran et en Syrie, il est devenu chef du gouvernement en mai 2006 à l'apogée des dissensions confessionnelles, lorsque les milices chiites et sunnites tenaient le haut du pavé. S'il a réussi à rétablir l'autorité de l'État, il a été affaibli par une récente vague d'attentats à Bagdad.

- Le vice-président Adel Abdel Mahdi, 68 ans, veut sa revanche. En 2006, lors d'un vote au sein de la coalition chiite pour désigner le candidat au poste de premier ministre, ce dirigeant du Conseil supérieur islamique d'Irak (CSII) avait été battu d'une voix par M. Maliki.

Ce docteur en économie qui a vécu en France, a traversé l'échiquier politique. D'abord maoïste, puis séduit dans les années 1980 par la révolution iranienne, il est aujourd'hui partisan de l'économie de marché et de la décentralisation.

- Le ministre des Finances Baqer Jaber Solagh, 64 ans, a vécu en Iran et en Syrie. Membre du CSII, cet ingénieur a été ministre de l'Intérieur d'avril 2005 à mai 2006. Des sunnites l'ont accusé d'avoir créé des «escadrons de la mort» au sein de la police, ce qu'il a démenti.

Iyad Allawi, 64 ans, premier ministre du premier gouvernement après l'invasion de 2003. Il est adulé dans les régions sunnites après avoir été longtemps honni par cette communauté pour son offensive contre le bastion rebelle de Fallouja (juin 2004-avril 2005).

Il dirige le Bloc irakien qui compte des personnalités sunnites comme le vice-président Tarek al-Hachémi ou le ténor du Parlement Saleh al-Motlaq exclu des élections.

Ce médecin laïc a appartenu au Baas, l'ancien parti de Saddam Hussein, de 1961 à 1971 avant de se brouiller avec lui et de s'exiler en Grande-Bretagne où il a échappé à une tentative de meurtre.

Il s'oppose à la débaassification.

- Ahmed Chalabi, 65 ans, le plus controversé des hommes politiques, est un docteur en mathématiques qui a vécu la majorité de sa vie à l'étranger. L'un des artisans de l'invasion en 2003, il avait présenté à l'administration américaine des preuves factices sur les armes de destruction massive de Saddam Hussein.

Vice-premier ministre entre avril 2005 et mai 2006, il est devenu la bête noire des États-Unis qui le considèrent comme un agent de l'Iran.

Membre de la liste chiite de l'Alliance nationale irakienne, il pourrait être le candidat du chef radical Moqtada Sadr au poste de chef du gouvernement. 

- Le ministre de l'Intérieur Jawad Bolani, un laïc de 50 ans, veut tourner la page de la débaassification. Cet ancien ingénieur de l'armée de l'air n'a jamais quitté l'Irak. Il espère être le candidat du compromis.