L'ancien président américain Bill Clinton admet que les démocrates perdront des sièges au Congrès lors des élections législatives de mardi prochain, mais il estime que les pertes seront moins importantes que prévu.

«Je ne suis pas d'accord avec les sondages. J'ai d'ailleurs fait du mieux que j'ai pu pour convaincre les électeurs. Ce ne sera pas aussi terrible que ce qu'on annonce. Nous allons perdre des sièges, certes, mais nous en avons tellement gagné en 2006 et en 2008... Nous avons des sièges dans des districts où John McCain a été plus populaire que Barack Obama», a dit Bill Clinton au cours d'une conférence prononcée hier devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

L'ancien président s'est bien gardé de prédire si les démocrates garderont le pouvoir au Sénat et à la Chambre des représentants. Dans le cas contraire, Bill Clinton, qui a affronté un Congrès à majorité républicaine entre 1994 et 2000, prévoit des mois difficiles pour l'administration Obama. «Ça dépend des républicains, dit Bill Clinton. Ils voudront peut-être voir si le président osera leur opposer son veto. Ça pourrait prendre un an avant qu'ils négocient. Les républicains sont meilleurs que nous au jeu politique, car nous sommes plus intéressés par la gouvernance et eux par le pouvoir.»

«Le président Obama a vraiment voulu travailler avec eux à son arrivée à la Maison-Blanche, mais je savais que ça ne marcherait pas, continue Bill Clinton. Les républicains savaient que, s'ils disaient simplement non, les Américains allaient se lasser et que plusieurs se diraient: «Je suis d'accord avec les démocrates, mais je veux que les républicains collaborent, alors je vais voter républicain aux prochaines élections pour les forcer à travailler ensemble.» Ça a marché (aux élections de mi-mandat) en 1994.»

Selon Bill Clinton, le résultat des élections de mardi dépendra largement du taux de participation. «Tous les sondages que vous entendez considèrent que le taux de participation baissera de 25%, dit-il. Les républicains veulent rendre plus difficile le remboursement des dettes d'études. Si tous les étudiants qui ont voté en 2008 le savaient, on ne parlerait pas d'une baisse du taux de participation de 55% chez les étudiants. Mais on ne parle pas des enjeux, dans cette campagne, on ne parle que de politique, de qui a dit quoi à propos de qui.»

Sur le plan économique, Bill Clinton souhaite que l'administration Obama fasse pression sur les banques. «Les banques ont 1800 milliards de dollars dans leurs coffres qui pourraient être prêtés, dit-il. Personnellement, je demanderais à tous les grands banquiers ce qu'il faut faire pour qu'ils prêtent à nouveau leur argent. Sinon, nous aurons un peu le même problème que les Japonais dans les années 90.»

Surprise: Bill Clinton a pris le parti de la Chine dans la guerre des devises qui l'oppose à l'administration Obama. «Tout le monde, aux États-Unis, critique la Chine parce qu'elle dévalue sa monnaie. Dans les faits, c'est vrai. Mais la Chine est notre banquier. Et que feriez-vous, à la place de la Chine, si vous aviez autant de gens dans les régions rurales qui ne profitent pas de toutes les chances?»

L'ancien politicien de 64 ans a largement parlé de sa fondation et de son rôle d'envoyé spécial de l'ONU en Haïti. «J'ai confiance dans le peuple haïtien, dit-il. Les Haïtiens ont été malmenés, négligés, se sont malmenés entre eux, mais ils sont doués et ils ont du ressort. Ils doivent se mettre dans une position où ils n'auront plus besoin de personne sur la scène internationale. J'espère un jour pouvoir retourner en Haïti simplement en touriste pour y dépenser de l'argent.»