L'armée syrienne pilonnait lundi des quartiers de Homs au lendemain des assurances données par la Russie, alliée du régime, d'un soutien total au plan Annan destiné à mettre fin aux violences, après plus d'un an de répression de la contestation.

Le président américain Barack Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev ont tous deux exprimé leur soutien aux efforts de Kofi Annan, émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, en vue de mettre fin au bain de sang, M. Obama précisant que l'objectif final était un pouvoir «légitime» en Syrie.

Le président américain a cependant évoqué leurs différends persistants sur la Syrie de Bachar al-Assad, dont Moscou est un allié et un fournisseur d'armes depuis l'époque soviétique.

Le plan Annan préconise la cessation de toutes formes de violence par toutes les parties sous supervision de l'ONU, la fourniture d'aide humanitaire et la libération des personnes détenues arbitrairement.

La Russie et la Chine ont récemment voté en faveur d'une déclaration à l'ONU soutenant la mission Annan après avoir bloqué deux résolutions à l'ONU condamnant la répression d'un mouvement de contestation depuis un an, qui a fait plus de 9100 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

M. Annan a entamé une tournée pour convaincre ces deux poids lourds, qui disposent d'un droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU, de faire pression sur leur allié syrien.

Après avoir rencontré le président russe dimanche, M. Annan est attendu mardi à Pékin. La Chine a dit espérer des «discussions approfondies sur un règlement politique» de la crise syrienne.

Sur le terrain, le pouvoir de Damas poursuivait lundi ses exactions dans plusieurs villes rebelles pour étouffer la révolte.

L'armée syrienne bombardait violemment plusieurs quartiers de Homs, dans le centre du pays, blessant grièvement cinq civils à Ouarché, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

«Le pilonnage est très violent, et les explosions secouent la ville», ont indiqué les Comités locaux de coordination (LCC) qui organisent la mobilisation sur le terrain.

À Maaret al-Noomane, dans la province d'Idlib (nord-ouest), un civil a été abattu par un tireur embusqué, selon l'OSDH.

Six soldats ont été blessés dans des affrontements avec des déserteurs près de la frontière avec la Turquie, selon la même source, l'agence officielle Sana faisant état pour sa part d'une opération «terroriste» d'infiltration depuis la Turquie.

À Harasta, à 10 kilomètres de Damas, une jeune fille de 18 ans a été grièvement blessée par des tirs, a ajouté l'OSDH.

À l'approche de la réunion le 1er avril à Istanbul des pays amis de la Syrie, le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a invité de nombreuses formations et personnalités également hostiles au régime à se réunir lundi et mardi pour tenter de former un front uni dans cette ville turque.

Certains ont déjà annoncé leur refus de participer, alors que la fragmentation de l'opposition suscite les craintes de la communauté internationale, réticente à apporter une aide, notamment militaire, aux rebelles.

Samedi, l'Armée syrienne libre (ASL), constituée de déserteurs, a annoncé s'être dotée d'un Conseil militaire unifié dans un autre effort de rassemblement.

De leur côté, les Frères musulmans syriens, représentés au sein du CNS, ont annoncé dimanche à Istanbul leurs objectifs pour la Syrie après la chute de Bachar al-Assad. Ils se sont prononcés pour un «État laïque, démocratique et pluraliste» dans lequel «le peuple choisit par les urnes ses dirigeants».

«Nous affirmons que nous accepterons les résultats d'élections libres en Syrie, nous affirmons que tous les droits des Syriens seront garantis, ceux de tous les groupes et de toutes les croyances», a déclaré le numéro deux du mouvement, Farouk Monir Khalid.

Les Frères musulmans ont également affirmé ne pas vouloir «contrôler seuls la Syrie», après le départ de certains opposants du CNS en accusant notamment ce courant de «monopoliser» les moyens et les armes de la rébellion.

Au niveau diplomatique, la Turquie a fermé lundi son ambassade à Damas, en raison d'une dégradation des conditions de sécurité, suivant ainsi l'exemple de plusieurs pays de l'UE (Italie, Espagne, France, Royaume-Uni, Pays-Bas) des États-Unis et des six monarchies arabes du Golfe.

Deux militants, détenus depuis 53 jours pour avoir notamment participé à des manifestations, ont été libérés dimanche, a annoncé l'avocat des droits de l'homme Michel Chammas à l'AFP, précisant qu'ils comparaîtraient libres lors de leur procès.

Amnistie Internationale a dit avoir recueilli auprès de militants locaux les noms de plus de 18 000 personnes détenues en Syrie, estimant que cela constitue «moins de la moitié du nombre réel» de prisonniers.