Deux anciens groupes extrémistes en Égypte ont offert de cesser les manifestations à condition que le gouvernement suspende la répression menée contre les islamistes, une proposition qui révèle le recul d'un mouvement affaibli devant la réponse sans précédent de l'armée.

Cette proposition de trêve, annoncée lundi par les mouvements Gamaa Islamaya et Djihad islamique, qui avait mené une insurrection meurtrière dans les années 1990, vise à lancer le dialogue entre l'armée et les Frères musulmans, parti auquel appartient Mohammed Morsi.

L'ancien président a été destitué par l'armée le 3 juillet après plusieurs jours de manifestations populaires réclamant sa démission. Le 14 août, le démantèlement par l'armée de deux camps d'activistes a mené aux pires affrontements que l'Égypte ait connus depuis le Printemps arabe.

L'annonce survient au lendemain du début du procès du chef des Frères musulmans, Mohammed Badie, et de deux autres leaders importants. Ils sont accusés d'avoir incité au meurtre d'opposants à Morsi le 30 juin, l'anniversaire de son investiture, alors que des millions de personnes sont descendues dans la rue pour réclamer sa démission.

Dimanche s'avérait aussi la journée de reprise du procès de l'ancien président Hosni Moubarak, chassé du pouvoir en 2011, pour des accusations semblables.

Des analystes affirment que la proposition de trêve reflète des failles dans l'alliance islamiste dirigée par les Frères musulmans, dont la plupart des chefs sont détenus ou en fuite.

«Ils veulent se débarrasser de la pression sur leurs groupes et quitter le navire des Frères musulmans, qui coule en ce moment, croit le journaliste vétéran et analyste Makram Mohammed Ahmed. Tout le monde cherche l'issue, mais il est trop tard.»

Les alliés de M. Morsi avaient prévenu qu'ils ne seraient disposés à discuter qu'à trois conditions: le retour en poste de M. Morsi, la levée de la suspension de la constitution islamiste et le rétablissement du seul conseil législatif sous le régime Morsi.

Mais le chef du Djihad islamique égyptien, Mohammed Abu Samra, a affirmé à l'Associated Press que les négociations n'exigeaient aucune condition sine qua non.

«Nous ouvrons la voie pour les discussions, a affirmé M. Abu Samra au téléphone. Nous ne pouvons tenir un dialogue alors que nous sommes sous tension, au milieu de tueries et de répression.» Il affirme que les deux groupes «tendent la main» pour éviter des confrontations encore plus meurtrières avec l'armée, qu'il accuse de salir l'image des Frères musulmans dans les médias et les mosquées.

Le principal négociateur des Frères musulmans, Amr Darrag, a aussi affirmé que son groupe était ouvert aux discussions, mais qu'il avait besoin de preuves de confiance, telles qu'une enquête sur la mort de centaines de partisans de Morsi durant les derniers mois. «L'autre partie n'a pas fait un seul geste ni montré un seul signe qu'il était prêt au dialogue, a-t-il ajouté. Cela parle de soi.»

Le bureau du président par intérim, Adli Mansour, n'a pas immédiatement commenté, mais il avait affirmé samedi que des mesures de sécurité ne seraient pas suffisantes et que l'Égypte devrait faire des gestes politiques pour en arriver à une réconciliation. Il a toutefois également rejeté la possibilité de discussions avec quiconque avait commis des actes de violence.