Les forces du nouveau régime en Libye ont conquis mercredi les villes de Sebha et Waddan mais ont subi de lourdes pertes dans leur offensive sur Syrte, un autre bastion de l'ex-dirigeant Mouammar Kadhafi.

«Nous contrôlons totalement Sebha. Tout le monde, y compris les pro-Kadhafi, est maintenant avec la révolution», a dit Abdelmajid Seifennasr, responsable local du Conseil national de transition (CNT) libyen. «Quelques individus non organisés essaient de résister», a-t-il précisé.

Selon lui, quatre combattants pro-CNT et 11 membres des forces pro-Kadhafi ont été tués et un nombre indéterminé ont été blessés lundi et mardi pendant l'offensive sur cette ville qui abrite une importante base militaire, à 750 km au sud de Tripoli.

Sebha, fief des Kadhadfa dans le désert, la tribu de Mouammar Kadhafi, constituait un important objectif des combattants pro-CNT, de même que l'oasis de Djofra, à 300 km plus au nord-est.

La ville de Waddan, dans l'oasis de Djofra, a été «libérée» par les forces du nouveau régime, qui contrôlent désormais environ 70% de la région, selon le responsable local Moustapha el-Houni. L'oasis compte environ 75 000 habitants et regroupe les villes de Waddan, Houn, Sokna et Zila.

Les forces pro-CNT ont pris aussi Houn, mais les pro-Kadhafi ont mené une contre-attaque en bombardant la ville depuis Sokna, faisant des dizaines de morts ou de blessés, selon des témoins. Ces derniers ont affirmé qu'il n'était pas possible de transporter les blessés en raison de la violence du pilonnage.

Selon des responsables du CNT, la direction des opérations militaires des pro-Kadhafi est située à Houn et ces derniers disposent d'importants stocks d'armes dans cette région.

Sur la côte, les âpres combats pour le contrôle de Syrte (360 km à l'est de Tripoli) ont fait des ravages dans les rangs des combattants anti-Kadhafi, qui ont enregistré 45 morts et plus de 200 blessés depuis le début de l'offensive le 15 septembre, selon des sources médicales.

Beaucoup de blessés sont soignés à Misrata, la 3e ville du pays à 150 km au nord-ouest de Syrte. Seize blessés graves ont d'ailleurs été évacués par un avion qatari vers Malte pour soulager les hôpitaux de Misrata, débordés depuis l'offensive sur Syrte, selon le Dr Mahmoud al-Bakhouch.

Soutenus par les raids quasi quotidiens de l'OTAN sur Syrte, les combattants du nouveau régime ont pu entrer dans la ville par l'ouest et le sud, mais ils continuent à faire face à une forte résistance des pro-Kadhafi sur le front est.

«La majorité des habitants à Syrte est avec Kadhafi», a expliqué Zouber al-Gadir, un commandant militaire, même si beaucoup de responsables militaires ont expliqué favoriser le départ des civils pour éviter toute victime innocente.

«Nous travaillons sur une stratégie pour lancer une grande offensive sur les trois fronts, à l'est, à l'ouest et au sud. C'est une guerre, l'offensive peut intervenir dans quelques jours ou n'importe quand, mais bientôt», a déclaré un autre commandant, Ahmed Zlitni.

À Bani Walid, un autre bastion pro-Kadhafi à 170 km au sud-est de Tripoli, les combattants du CNT peinaient toujours à progresser en raison d'un terrain difficile et d'une forte présence de tireurs embusqués.

Selon Abdallah Kenchil, un responsable local du CNT, les combattants se préparaient à une «bataille décisive» dans les prochaines 48 heures avec l'appui de chars contre les principales positions des forces pro-Kadhafi dans la ville.

Mercredi à Bruxelles, l'OTAN a décidé, comme attendu, de prolonger de trois mois son intervention militaire, avec l'espoir de terminer au plus vite sa mission. Entamée le 31 mars, la mission «Protecteur unifié» avait déjà été prolongée de 90 jours le 1er juin.

Mouammar Kadhafi, en fuite depuis la chute de Tripoli le 23 août, s'est manifesté mardi dans un enregistrement sonore diffusé par la chaîne arabe Arraï parlant de «mascarade» en Libye, laissant entendre que le nouveau régime tomberait dès la fin des frappes de l'OTAN.

Le même jour à New York, le chef du CNT Moustapha Abdeljalil, qui a participé à une réunion des «amis de la Libye» et rencontré le président américain Barack Obama a estimé que le dirigeant déchu n'avait pas quitté le pays.

Son chef de l'exécutif, Mahmoud Jibril, également à New York, a assuré que la Libye serait dotée d'un gouvernement «dans une semaine à dix jours maximum». L'annonce d'un nouveau gouvernement, prévue dimanche, avait été reportée sine die.

Reconnu par l'ONU comme représentant du peuple libyen, le CNT a annoncé début septembre qu'il comptait diriger le pays jusqu'à l'élection dans huit mois d'une Assemblée constituante, avant des élections générales un an plus tard.