Le passage d'un important convoi de véhicules civils et militaires venant de Libye à Agadez, une ville au nord du Niger, a alimenté les spéculations sur une fuite de l'ex-leader libyen Mouammar Kadhafi, avant une série de démentis.

Une source militaire nigérienne a affirmé à l'AFP avoir «vu un convoi inhabituel et impressionnant de plusieurs dizaines de véhicules entrer à Agadez» et a ajouté que «des rumeurs insistantes» évoquaient «la présence de Kadhafi ou d'un de ses fils au sein de ce convoi».

À Tripoli, les nouvelles autorités libyennes ont confirmé qu'«environ 200 voitures» étaient passées au Niger. «Ce genre de convoi transporte généralement Kadhafi ou l'un de ses fils», a déclaré Jalal el-Gallal, un porte-parole du Conseil national de transition (CNT).

Mais le ministre nigérien des Affaires étrangères, Mohamed Bazoum, a affirmé qu'il ne s'agissait que d'«un petit groupe» dont l'ex-dirigeant en fuite ne faisait pas partie, ajoutant : «M. Kadhafi représenterait un problème pour le Niger.»

Mardi soir, le Burkina Faso a également «totalement» exclu d'accorder l'asile au colonel Kadhafi pour ne pas «se créer de problèmes».

Les États-Unis «ne croient pas» que Mouammar Kadhafi était dans le convoi, a indiqué mardi la porte-parole du département d'État américain, Victoria Nuland, ajoutant : «Nous n'avons aucun élément [donnant à penser] que Kadhafi est ailleurs qu'en Libye en ce moment.»

Dimanche, un précédent convoi était arrivé au Niger avec à son bord Agaly Alambo, figure de la révolte touareg, et Mansour Daw, chef des brigades sécuritaires sous Kadhafi.

Depuis l'entrée des combattants pro-CNT dans son QG tripolitain de Bab al-Aziziya, le 23 août, Mouammar Kadhafi a appelé à la résistance dans plusieurs messages audio, alors que les dernières images de lui remontent au 12 juin.

Joint par téléphone sur la télévision arabe Arrai, le porte-parole de l'ancien régime, Moussa Ibrahim, a assuré  que le colonel Kadhafi était «en excellente santé» et que ses partisans étaient «encore puissants». «Il est dans un endroit que cette racaille n'a pas atteint. Il combat à l'intérieur.»

Selon le CNT, M. Ibrahim se trouverait dans l'oasis de Bani Walid, un des derniers bastions kadhafistes à 170 km au sud-est de Tripoli, encerclé par les combattants pro-CNT.

Des négociations sont en cours depuis plusieurs jours avec des responsables locaux en vue de la reddition pacifique de la ville, où le CNT redoute que les civils soient utilisés comme boucliers humains.

«Nous n'allons nous attaquer ni aux biens ni aux personnes», a assuré Mahmoud Jibril, numéro deux du CNT, s'adressant par téléphone aux négociateurs.

«Nous sommes ici pour éviter un bain de sang», a quant à lui expliqué cheikh Abdel Qadir Mayad, responsable de Bani Walid.

En fin d'après-midi, le colonel Abdallah Abou Asarah, officier pro-CNT, a cependant affirmé que des combattants pro-Kadhafi avaient empêché les représentants de Bani Walid de retourner dans la ville. Selon lui, une offensive est inévitable à terme et les combats risquent d'être acharnés.

Au cours des derniers jours, le chef des négociateurs pro-CNT, Abdullah Kenchil, a déclaré que les forces kadhafistes à Bani Walid étaient constituées de 30 à 50 hommes «très bien armés».