Le sort de la province syrienne d'Idleb, dont Damas veut reprendre le contrôle, suscite des inquiétudes croissantes au Conseil de sécurité de l'ONU, où plusieurs pays ont dit mardi craindre pour la vie de millions de personnes.

Lors d'une réunion consacrée à la situation humanitaire en Syrie, les Occidentaux ont mis en garde contre «les conséquences catastrophiques» d'une offensive militaire. Elles peuvent mener à «un désastre humanitaire», a résumé l'ambassadeur adjoint suédois, Carl Skau, en évoquant des «signes alarmants d'une offensive militaire en perspective dans le nord-ouest de la Syrie».

«Les semaines dernières se sont traduites par une détérioration sérieuse de la situation humanitaire dans le nord-ouest», a confirmé John Ging, directeur des opérations au département des Affaires humanitaires de l'ONU. «L'engagement du Conseil de sécurité est capital pour assurer une désescalade à Idleb et dans les régions autour, un accès humanitaire sûr et sans entrave, et pour assurer la protection des civils et des infrastructures civiles».

«Nous sommes très préoccupés par les signes annonciateurs d'une offensive militaire de grande ampleur à Idleb», a aussi affirmé l'ambassadrice adjointe française à l'ONU, Anne Gueguen, en rappelant que tout recours à des armes chimiques se traduirait par une réponse militaire de Washington, Paris et Londres. «Les vies de 2,2 millions de personnes sont en jeu».

«Les bombardements qui se sont intensifiés ces dernières semaines doivent cesser immédiatement», a réclamé la diplomate française.

«La situation à Idleb est désastreuse», a aussi dit Karen Pierce, ambassadrice britannique. «Il n'y aura pas d'aide à la reconstruction tant qu'il n'y aura pas de processus politique crédible» pour une fin de conflit, a-t-elle rappelé.

Kelley Currie, de la mission diplomatique américaine à l'ONU, a aussi souligné que son pays était «gravement préoccupé» par les menaces pesant sur les civils.

Les États-Unis sont aussi «profondément préoccupés face à un possible recours par le régime syrien aux armes chimiques contre des populations civiles dans le cadre d'un assaut sur Idleb», a-t-elle ajouté.

«Les forces armées syriennes n'ont pas d'armes chimiques et n'entendent pas en utiliser», a rétorqué l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia. «La situation à Idleb suscite notre attention et il faut découpler les groupes modérés des groupes terroristes», a-t-il précisé.

À l'opposé des Occidentaux, le diplomate russe a défendu la reprise de contrôle du gouvernement syrien dans le pays. «La situation en Syrie est en train de se stabiliser» et «le gouvernement a donné des garanties de sécurité (...) pour un retour des réfugiés», a-t-il dit, en critiquant «la position passive» du Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU sur ce sujet.

Frontalière avec la Turquie, la province d'Idleb est le dernier fief insurgé du pays. Une offensive de Damas y semble désormais imminente et pose la question du mélange explosif dans la province entre populations déplacées, rebelles modérés et islamistes radicaux.