Des avions de combat auraient bombardé samedi la ville syrienne où une attaque chimique contre des civils a fait 87 morts mardi.

C'est ce que soutiennent les activistes de l'opposition syrienne, précisant qu'une femme aurait été tuée et une autre personne blessée.

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Selon les comités de coordination locaux, les frappes ont été effectuées par des avions russes.

Un groupe de militants syriens contre Daech (le groupe armé État islamique) a par ailleurs soutenu qu'une frappe aérienne de la coalition menée par les États-Unis a touché, près de Raqqa, un bateau qui transportait des civils.

Ceux-ci - ils auraient été environ 40 - fuyaient des combats entre extrémistes et combattant appuyés par les forces américaines, a indiqué le groupe Raqqa is Being Slaughtered Silently, faisant état d'au moins sept personnes tuées.

L'embarcation aurait été frappée alors qu'elle traversait le fleuve Euphrate dans la région de Shuaib al-Zaker. Les corps d'une femme et de ses six enfants ont été retrouvés, a-t-on indiqué.

Dix-huit civils dont cinq enfants ont été tués samedi dans un raid aérien dans la province d'Idleb, dernier grand bastion des insurgés dans le nord-ouest de la Syrie, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Selon l'Observatoire, le bilan du raid sur le village de Urum al-Joz pourrait s'élever, plusieurs personnes ayant été grièvement blessées.

Le bombardement a vraisemblablement été mené par des avions de l'armée russe, qui soutient le gouvernement syrien. La province d'Idleb est contrôlée par une alliance de rebelles composée notamment de l'ancienne branche d'Al-Qaïda en Syrie, et est régulièrement bombardée par l'aviation du régime et celle de son allié russe.

Également samedi, des dizaines d'étudiants syriens s'étaient rassemblés devant les bureaux des Nations Unies à Damas pour protester contre les missiles largués par les États-Unis, jeudi. Des manifestants scandaient des slogans anti-américains tels que «Mort à l'Amérique», alors qu'on soutenait, dans un message inscrit sur une pancarte brandie,  que «le scénario irakien ne se reproduira pas en Syrie».

Le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, qui devait se rendre en Russie lundi, a pour sa part annoncé qu'il annulait son séjour en raison des récents événements en Syrie.

M. Johnson a précisé samedi que la situation en Syrie avait changé «fondamentalement» après l'attaque chimique contre des civils et les frappes des Américains sur une base aérienne de l'armée syrienne.

Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson prévoit rencontrer les ministres des Affaires étrangères des pays du G7 en Europe la semaine prochaine avant de se rendre à Moscou.

Les États-Unis tentent d'ailleurs de déterminer si la Russie n'aurait pas participé à l'attaque chimique de mardi. Des membres de l'état-major américain ont indiqué vendredi que peu de temps après l'attaque, un drone, syrien ou russe, a survolé le site.

L'attaque chimique a provoqué une réplique des États-Unis, qui ont lancé 59 missiles sur une base aérienne syrienne, tuant neuf personnes.

Un porte-parole du président russe Vladimir Poutine a soutenu que les représailles américaines infligent un dur coup aux relations entre la Russie et les États-Unis, et dressent un «obstacle sérieux» vers la création d'une coalition internationale contre le terrorisme.

Le président iranien Hassan Rohani a proposé de son côté la formation d'un comité international pour enquêter sur l'attaque chimique. La télévision d'État a cité M. Rohani, qui a insisté pour dire que le comité ne devrait pas être dirigé par des Américains par souci d'impartialité.

«Les pays neutres devraient y aller et analyser pour clarifier d'où venaient les armes chimiques», a-t-il déclaré.

L'Iran est un proche allié du régime syrien de Bachar al-Assad, qui a martelé que ses troupes n'avaient pas utilisé d'armes chimiques.

Le chef de la Ligue arabe appelle à la désescalade

Le secrétaire général de la Ligue arabe a appelé samedi à «calmer l'escalade» en Syrie, au lendemain d'une frappe inédite des États-Unis qui a visé une base de l'armée de Bachar al-Assad en représailles à une attaque chimique présumée.

Les États-Unis ont frappé vendredi à l'aube une base de l'armée syrienne, en réponse à une attaque chimique présumée imputée au régime syrien contre la localité rebelle de Khan Cheikhoun.

«La Ligue refuse les tentatives des puissances régionales et internationales d'engager des luttes politiciennes sur les corps des Syriens, au détriment de la souveraineté syrienne», a indiqué à des journalistes le chef de l'institution panarabe basée au Caire, Ahmed Aboul Gheit, sans nommer les puissances concernées.

«Nous appelons toutes les parties à calmer cette escalade dangereuse que nous suivons, et qui vise à maximiser les gains politiques, sans préoccupation réelle pour la souffrance du peuple» syrien, a-t-il ajouté.

Vers 3h40 locales vendredi (20h40 Heure de l'Est), 59 missiles de croisière Tomahawk ont été tirés par deux navires américains en Méditerranée, vers la base aérienne syrienne d'al-Chaayrate.

L'agence de presse officielle syrienne Sana a fait état de la mort de neuf civils, dont des enfants, dans des villages environnants.

- Avec AFP