Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a accusé vendredi Washington de « protéger » l'organisation djihadiste Front Fateh al-Cham (l'ex Front al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda) et de la considérer comme un « plan B » en cas de chute du régime syrien.

« Nous avons de plus en plus de raisons de croire que depuis le début, le plan (des États-Unis) était de protéger le Front al-Nosra et de le garder comme plan B pour le moment où viendrait le temps de changer le régime », a déclaré Sergueï Lavrov dans une interview diffusée par la chaîne de télévision britannique BBC World News.

« Ils ont promis de faire de la séparation entre l'opposition modérée et le Front al-Nosra leur priorité (...) Ils ne sont toujours pas capables, ou n'ont pas le désir, de le faire », a-t-il ajouté dans cette interview réalisée en anglais.

Cette séparation entre l'opposition modérée et le Front  Fateh al-Cham est « la seule chose nécessaire » pour que l'accord russo-américain de cessez-le-feu soit mis en oeuvre, a poursuivi Sergueï Lavrov. « Si elle est soutenue par les États-Unis, pas sur le papier, mais dans la vraie vie, alors nous insisterons pour une cessation des hostilités », a-t-il dit.

Un cessez-le-feu, qui aurait pu mener Moscou et Washington à coordonner leurs frappes aériennes en Syrie, a volé en éclat le 19 septembre après avoir tenu seulement dix jours.

Depuis, l'aviation russe mène une campagne de frappes meurtrières sur Alep, en soutien à une offensive du régime pour reconquérir la partie rebelle de cette ville divisée depuis 2012 en secteur gouvernemental dans l'ouest et quartiers rebelles dans l'est.

L'organisation Médecins sans frontières (MSF) a appelé vendredi Damas et Moscou à mettre un terme « au bain de sang » à Alep, devenu le principal front du conflit syrien.

Les déclarations de Sergueï Lavrov interviennent un an jour pour jour après le début de la campagne aérienne russe en Syrie pour appuyer le régime alors en difficulté. Les frappes russes ont fait 9364 morts, dont 3804 civils, selon un décompte de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).