Le régime syrien est disposé à suspendre ses raids aériens et ses tirs d'artillerie sur Alep pendant six semaines pour permettre un cessez-le-feu localisé, a indiqué mardi le médiateur de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura.

M. de Mistura a fait part de cette initiative lors de consultations au Conseil de sécurité de l'ONU.

«Le gouvernement syrien m'a indiqué qu'il était disposé à cesser tout bombardement aérien et tir d'artillerie pendant six semaines sur toute la ville d'Alep», a-t-il déclaré à la presse à l'issue des consultations.

Cette suspension des tirs et raids commencera «à partir d'une date qui sera annoncée à Damas», où M. de Mistura se rendra «dès que possible», ainsi qu'à Alep, afin de discuter des détails de ce cessez-le-feu local.

L'émissaire de l'ONU s'est rendu récemment en Syrie où il a rencontré le président Bachar al-Assad.

Il a indiqué avoir aussi demandé à Damas de «faciliter l'envoi sur place d'une mission de l'ONU» chargée de choisir «un district d'Alep» qui servirait de test pour ce gel des combats. L'ONU espère ensuite étendre ces trêves locales à d'autres zones et encourager ainsi un règlement politique.

L'opposition armée, qui tient une partie d'Alep mais n'a pas d'aviation, sera elle aussi sollicitée: on lui demandera de suspendre pendant six semaines ses tirs de roquettes et de mortier.

M. de Mistura a reconnu que faire appliquer ce plan sera «difficile» étant donné l'échec de plusieurs cessez-le-feu précédents depuis le début de la crise syrienne, il y a près de quatre ans. «Je suis sans illusions mais c'est une lueur d'espoir», a-t-il affirmé.

«L'objectif, a-t-il souligné, est d'épargner le plus possible de civils» en attendant un règlement politique, au moment où les forces gouvernementales ont intensifié leurs raids sur la deuxième ville de Syrie.

L'émissaire de l'ONU avait proposé le 30 octobre d'instaurer des zones de cessez-le-feu pour permettre la distribution de l'aide humanitaire dans Alep, ville divisée depuis juillet 2012 entre secteurs loyalistes à l'ouest et secteurs rebelles à l'est.

Certains membres du Conseil de sécurité restent cependant sceptiques sur une telle initiative car ils se rappellent le précédent de la vieille ville de Homs où, sous couvert de cessez-le-feu humanitaire, l'opposition armée avait dû abandonner ses positions, occupées ensuite par les forces du régime.

«Homs a été un marché de dupes, pas un cessez-le-feu humanitaire mais une capitulation», analyse un diplomate du Conseil.

Les cessez-le-feu localisés doivent aussi ouvrir la voie à un règlement négocié, mais cette perspective est pour l'instant lointaine.

M. de Mistura a par ailleurs tenu à «clarifier» devant le Conseil et devant la presse les propos controversés qu'il avait tenus à Vienne vendredi.

Le président Bachar al-Assad «fait partie de la solution» en Syrie, avait-il déclaré à l'issue d'une entrevue à Vienne avec le chef de la diplomatie autrichienne, Sebastian Kurz.

Il s'agissait simplement, a-t-il expliqué, de souligner «que le gouvernement syrien, qui dispose de capacités aériennes et d'artillerie, doit participer à toute solution susceptible de réduire les violences contre les populations civiles», et non d'anticiper sur le rôle du président dans un futur règlement négocié.