Le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah, allié indéfectible du pouvoir en Syrie, a affirmé jeudi que son mouvement poursuivrait son combat contre les rebelles aux côtés de l'armée de Bachar al-Assad, lors d'une rare apparition en public.

Le chef du puissant parti chiite est apparu en personne pour le deuxième jour consécutif dans la banlieue sud de Beyrouth, une démonstration de force au moment où ce fief du parti chiite est hanté par la crainte d'un nouvel attentat après deux attaques à la voiture piégée qui ont fait 27 morts en juillet et août derniers.

«Nous avons dit à plusieurs occasions que la présence de nos combattants sur le sol syrien vise à défendre (...) la Syrie qui soutient la résistance (contre Israël). Tant que cette raison existe, notre présence là-bas est justifiée», a-t-il affirmé devant des dizaines de milliers de ses partisans à l'occasion de la cérémonie religieuse de l'Achoura près de Beyrouth.

«Ceux qui parlent de notre retrait de Syrie comme condition pour former un gouvernement au Liban savent bien qu'il s'agit d'une condition irréalisable. Nous ne négocions pas l'existence de la Syrie, celle du Liban (...) pour une poignée de portefeuilles», a-t-il dit.

Le Liban est sans gouvernement en raison des divisions politiques entre le camp du Hezbollah et celui de ses rivaux au sujet de la guerre en Syrie voisine.

Le Hezbollah, seul parti libanais disposant d'un puissant arsenal, affirme que sa lutte aux côtés du régime syrien vise à combattre des «extrémistes» sunnites qui menacent selon lui les chiites et les chrétiens.

Hassan Nasrallah a réitéré que son parti ne remettrait pas ses armes, tant que le Liban est selon lui menacé par Israël. «Nous sommes attachés à la résistance, à ses armes (...) pour défendre notre peuple et notre pays», a-t-il dit.

Le soutien du Hezbollah, expert dans la guérilla urbaine et qui s'est engagé dans une guerre dévastatrice contre Israël en 2006, a été déterminant pour aider l'armée syrienne à reprendre des bastions de la rébellion comme Qousseir en juin.

Des dizaines de milliers de chiites libanais sont descendus dans les rues dans la banlieue sud chiite, fief du Hezbollah, à l'appel du Hezbollah pour commémorer, sous haute sécurité, l'Achoura, la fête religieuse la plus importante pour cette communauté.

Les apparitions en personne d'Hassan Nasrallah, bête noire d'Israël et qui redoute une tentative d'assassinat, sont très rares. Il se contente d'habitude de discours à la télévision ou d'interventions à distance, par vidéo sur écran géant, lors des rassemblements.

L'Achoura commémore le martyre d'Hussein, petit-fils du prophète Mahomet tué au VII siècle à Kerbala par les troupes du calife omeyyade, un meurtre à l'origine du plus important schisme dans le monde musulman, entre chiites et sunnites.

Dans la foule, des partisans du Hezbollah ont fait le parallèle entre les combattants du parti qui vont mourir en «martyr» en Syrie et le «martyre» de Hussein.

«L'imam Hussein est tombé en martyr pour la justice, la liberté et le droit chemin et ceux qui combattent en Syrie suivent ses pas», a assuré à l'AFP Zahra Harb, une résidente de la banlieue sud.

Hommes, femmes et enfants habillés en noir en signe de deuil ont défilé dans les rues de la banlieue surpeuplée, certains le front ceint d'un bandeau sur lequel est écrit le nom de Hussein.

L'armée libanaise, présente pour la première fois dans la banlieue sud après les attentats, y a déployé ses tanks. Les fiefs du Hezbollah sont considérés comme des «États dans l'État» par les détracteurs de ce parti qui a parallèlement déployé son puissant service de sécurité à l'occasion de l'Achoura.