Les inspecteurs de l'organisation chargée de la destruction de l'arsenal chimique syrien ont placé les plus de 1000 tonnes d'agents chimiques et d'armes chimiques syriennes sous scellés «inviolables», a-t-on appris jeudi auprès de l'organisation.

«Tous les stocks d'agents chimiques et d'armes chimiques ont été placés sous scellés, des scellés impossibles à briser», a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), Christian Chartier.

La Syrie a rendu toutes ses installations de production d'armes chimiques inutilisables, offrant ainsi un premier succès à la communauté internationale qui peine dans le même temps à faire avancer son idée de conférence de paix.

L'émissaire international Lakhdar Brahimi, actuellement à Damas, devait rencontrer jeudi des responsables de l'opposition tolérée, au lendemain d'une brève entrevue avec le président Bachar al-Assad qui a répété son refus de toute ingérence étrangère dans les décisions sur l'avenir du pays.

«La Syrie a achevé de rendre inutilisables ses installations de production et d'assemblage d'armes chimiques», a annoncé l'OIAC.

Les inspecteurs ont visité 21 des 23 sites déclarés par la Syrie, et 39 des 41 installations sur ces sites. Les deux sites restants ont été évités «pour des raisons de sécurité», mais Damas «a fait savoir que ces sites avaient été abandonnés» et les inspections ont été clôturées, a précisé l'OIAC.

La Syrie avait jusqu'à vendredi pour mener cette tâche à bien et doit désormais procéder à la «destruction systématique, intégrale, et vérifiée» de l'ensemble de son arsenal chimique --évalué à 1290 tonnes par le régime-- selon un programme qu'elle a remis le 24 octobre.

Ce programme doit être examiné par le conseil exécutif de l'OIAC qui doit se réunir le 5 novembre et qui utilisera ce document pour fixer d'ici au 15 novembre les différentes dates butoir.

L'OIAC, prix Nobel de la paix début octobre, est chargée de superviser ce démantèlement --pour la première fois dans un pays plongé dans la guerre civile-- à la suite d'une résolution historique des Nations unies qui a éloigné la menace d'une frappe américaine après une attaque chimique meurtrière le 21 août près de Damas.

Dans la capitale syrienne, le président Assad a insisté mercredi auprès de M. Brahimi sur son refus de toute ingérence en faveur de l'opposition lors de la conférence de paix dite «Genève-2» destinée à trouver une solution au conflit qui ravage le pays.

«Le peuple syrien est la seule partie à avoir le droit de décider de l'avenir de son pays. Toute solution ou accord doit avoir l'aval des Syriens et refléter leur volonté, loin des ingérences extérieures», a dit M. Assad, cité par l'agence officielle Sana.

L'émissaire, en tournée dans la région depuis le 19 octobre, devrait rencontrer jeudi des opposants de l'intérieur, avant de se rendre vendredi à Beyrouth.

Lakhdar Brahimi tente de convaincre toutes les parties de la nécessité de rassembler autour d'une table des représentants du régime et de l'opposition pour tenter de trouver une solution politique après deux ans et demi d'un conflit qui a fait plus de 115 000 morts selon l'OSDH.

Le soulèvement lancé en mars 2011 s'est militarisé face à une répression brutale, au point de se transformer en une guerre civile.

Les violences et les combats font encore des dizaines de morts chaque jour à travers le pays et selon l'ONU le nombre de réfugiés ayant fui le pays devrait atteindre les 3,5 millions à la fin de l'année.

Mardi, quelque 800 civils, en majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont été évacués de Mouadamiyat al-Cham, où l'opposition et l'ONU avaient évoqué une «catastrophe humanitaire».

Le 12 octobre, 3000 civils avaient déjà été évacués de cette banlieue tenue par les rebelles au sud-ouest de Damas, assiégée depuis un an par l'armée et qui avait été l'un des sites de l'attaque chimique du 21 août.

Les civils évacués ont été conduits dans un camp à Qoudsiya, au nord-ouest de Damas, une zone sous contrôle gouvernemental.

Alors que plus d'une quinzaine de journalistes étrangers sont actuellement portés disparus ou retenus par des preneurs d'otage en Syrie, le photographe polonais indépendant Marcin Suder, enlevé en juillet, a réussi à échapper à ses ravisseurs et à rentrer en Pologne, a annoncé jeudi le ministère polonais des Affaires étrangères.