Le président syrien Bachar al-Assad a démis mardi de ses fonctions le vice-premier ministre chargé des affaires économiques, Qadri Jamil, un ancien opposant rallié au régime, a indiqué l'agence officielle Sana.

Cette décision survient après des informations de sources syriennes faisant état d'une rencontre samedi à Genève de M. Jamil avec l'ambassadeur américain Robert Ford pour la Syrie, avec lequel il a discuté de la préparation de la conférence internationale de paix dite Genève-2.

Le département d'État a confirmé cette entrevue entre le diplomate américain et le dirigeant syrien.

«L'ambassadeur Ford a insisté sur le fait que nous devions tous oeuvrer à une solution politique suivant les contours (définis par le communiqué) de Genève (de juin 2012) et sur le fait qu'Assad et son premier cercle ont perdu toute légitimité et doivent partir», a dit la porte-parole du ministère, Jennifer Psaki.

Selon une source politique syrienne, M. Jamil a demandé à faire partie de la délégation de l'opposition, ce que M. Ford a refusé, faisant valoir qu'il était difficile d'être à la fois au gouvernement et dans l'opposition.

Mme Psaki a refusé d'aller plus loin sur le sujet.

Auparavant l'agence de presse syrienne Sana avait annoncé qu'un décret présentiel avait démis Qadri Jamil de ses fonctions».

Cette décision a notamment été prise parce que M. Jamil a été «absent sans autorisation de son poste» et a mené des «activités et (tenu) des rencontres en dehors du pays sans concertation avec le gouvernement», a précisé l'agence.

Selon un porte-parole de la Coalition de l'opposition, Louay Safi, «cela démontre que le régime est en train de se désagréger, politiquement il a de plus en plus de difficultés à garder ce type de personnalités avec lui». «Qadri Jamil a peut-être senti que le navire sombrait, mais nous n'avons pas de contacts avec lui», a-t-il dit à l'AFP.

M. Jamil rentrera à Damas dès qu'il aura terminé ses rencontres politiques en relation avec la conférence de Genève, a-t-il déclaré à la chaîne de télévision panarabe basée au Liban Mayadeen. «Nos rencontres avec des parties internationales pour arrêter le bain de sang en Syrie sont légitimes. Je ne pense pas que ceux qui vont participer à Genève-2 doivent critiquer des rencontres avec des gens qui parrainent le dialogue», a ajouté le vice-premier ministre.

«Mon différend avec le gouvernement syrien réside dans le fait que je consacre plus de temps à mon travail politique et à mon parti, car ce qui compte essentiellement aujourd'hui c'est l'arrêt de la violence», a-t-il encore dit.

Selon un journal libanais, il s'est pourtant installé il y a quelques semaines avec sa famille en Russie, indéfectible allié de la Syrie. Ancien membre du parti communiste syrien, le vice-premier ministre a étudié l'économie à Moscou avant de rentrer l'enseigner à Damas.

Il a fondé en 2002 le parti de la Volonté du peuple, qui a participé aux manifestations pacifiques contre le régime en mars 2011, et appelé à un changement radical sous la direction de Bachar al-Assad.

M. Jami a également participé à la rédaction de la nouvelle Constitution, adoptée par référendum en 2012. Avec d'autres partis, il avait formé le «Front populaire pour le changement et la libération» en vue des élections législatives du 23 juin 2012, puis rejoint le gouvernement comme vice-premier ministre.