Le premier ministre français Jean-Marc Ayrault a défendu mercredi devant le Parlement français la nécessité d'une action militaire internationale en Syrie tout en prônant le départ du président Bachar al-Assad «dans le cadre d'une solution politique».

L'attaque du 21 août près de Damas constitue «en ce début de siècle, le plus massif et le plus terrifiant usage de l'arme chimique», a dénoncé le responsable français lors d'un débat sans vote organisé à l'Assemblée nationale et au Sénat.

«Ne pas réagir serait mettre en danger la paix et la sécurité de la région tout entière», a plaidé M. Ayrault, affirmant que Paris «compte sur le soutien» des Européens et de la Ligue arabe en cas d'intervention armée.

«Oui, la solution à la crise syrienne sera politique et non militaire. Mais regardons la réalité en face : si nous ne mettons pas un coup d'arrêt à de tels agissements du régime, il n'y aura pas de solution politique», a déclaré Jean-Marc Ayrault devant l'Assemblée nationale, pendant que son discours était parallèlement lu au Sénat par le chef de la diplomatie Laurent Fabius.

«Il faut montrer à Assad qu'il n'y a pas d'autres solutions que la négociation», a-t-il insisté, alors que la classe politique française est divisée sur une action armée et que l'opinion publique y est majoritairement défavorable.

«Quel serait l'intérêt pour Bachar al-Assad de négocier, tant qu'il croit qu'il peut, comme il l'a encore répété au début de la semaine, "liquider", ce sont ses propres termes, "liquider" son opposition, notamment au moyen d'armes qui sèment la terreur et la mort?», a poursuivi le premier ministre français.

«Bien entendu» la France souhaite «le départ» du dirigeant syrien, «qui n'hésite pas à menacer directement notre pays et qui croit même pouvoir intimider la représentation nationale», a-t-il dit, en faisant référence aux déclarations du dirigeant syrien au journal français Le Figaro.

«Oui, nous souhaitons son départ, dans le cadre d'une solution politique en faveur de laquelle la France continuera à prendre l'initiative», a ajouté Jean-Marc Ayrault.

«Nous voulons à la fois sanctionner et dissuader, répondre à cette atrocité pour éviter qu'elle ne se reproduise. Nous voulons aussi montrer à Bachar al-Assad qu'il n'a pas d'autres solutions que celle de la négociation».

En dépit du revirement britannique, coincé par les tergiversations américaines, l'exécutif français a réaffirmé ces derniers jours sa volonté de participer à une action militaire «punitive» contre Bachar al-Assad. Tout en soulignant que si les Américains n'y participent pas, Paris ne s'engagera pas seul et se tournera vers une aide accrue à l'opposition syrienne.

L'UMP, principal parti d'opposition de droite, a réaffirmé mercredi lors du débat qu'il exigerait un vote au Parlement en cas d'intervention hors du cadre de l'ONU. La Constitution française n'oblige une consultation du Parlement que lorsque les opérations militaires extérieures se prolongent au-delà de quatre mois.

Les socialistes au pouvoir, non unanimes, approuvent la volonté de fermeté du président Hollande, tout comme les écologistes, membres de la coalition gouvernementale. L'extrême droite et la gauche radicale sont contre une intervention tandis que les centristes restent sceptiques.